
© Chocolaterie Genaveh
Chaque année, Pâques rime avec œufs et figurines en chocolat. Mais cette année, le coronavirus s'est invité à la chasse aux oeufs et bouleverse le travail des chocolatiers.
"En règle générale Pâques représente environ 25% de notre chiffre d'affaires, la plus grosse période après Noël", détaille Alexandra Kahn à la tête de la chocolaterie Genaveh à Steinfort depuis deux ans. Une période où normalement, elle embauche du personnel supplémentaire pour faire face aux demandes de petits et grands œufs et autres figurines en chocolat.
Mais cette année, elle doit faire face à l'annulation de plusieurs commandes, notamment d'entreprises, à une baisse des ventes chez ses distributeurs et à l'inquiétude globale des consommateurs. "Une perte de 70% de notre chiffre d'affaires", estime Alexandra.
Cependant, malgré le confinement, il y a quand même "un effet Pâques" qui est venu tardivement. 200 commandes sont ainsi tombées le week-end dernier "que l'on va honorer avec une équipe réduite de moitié, deux à la production, deux à l'emballage".

Les oeufs en chocolats, valeur refuge en cette période
AU JOUR, LE JOUR
Même si l'échelle de son entreprise est très différente, Tom Oberweis, à la tête de la maison qui porte le nom de la famille, estime vivre "une situation compliquée". Si quatre de ses boutiques sont ouvertes et vendent les pâtisseries et les plats salés de la maison, la moitié du personnel a été mis au chômage partiel, notamment tout ce qui concerne les restaurants.
"Le plus difficile est de faire des prévisions, les gens sont très en retrait, ils ont peur, ils commandent en dernière minute." D'où l'afflux passif de commandes pour Pâques parce que finalement, le chocolat est un refuge pour se faire plaisir.
Le patron essaye "de rendre les gens heureux" en proposant des livraisons et du take-away. Si Oberweis ne maintient que 20% de son chiffre d'affaires habituel, "la production travaille au jour le jour en fonction des commandes."

Le classique Wendy a été revisité en version "pâques". "On est obligé d'être plus créatifs", souligne Tom Oberweis
DRÔLE D'ANNIVERSAIRE
Le 5 avril, Monique Kunnert aura dû fêter le premier anniversaire de sa boutique Ochocolats à Soleuvre. Elle y vend les chocolats Sigoji d'une petite entreprise belge qui travaille avec des fèves du Cameroun.
"Pâques devait être une superbe saison, mais je réalise que ça va être très difficile", explique celle qui travaille seule.
Elle a fermé la boutique "où presque personne ne venait" pour se concentrer sur les livraisons, "un tout autre métier". Pas préparée à cette situation, Monique Kunnert fait face avec énergie et volonté: elle enregistre les commandes, prépare les envois et livre elle-même en prenant garde à la température extérieure. "C'est difficile de suivre, même pour mon fournisseur."
Dès que le rush de Pâques sera passé, elle compte proposer de la vente à emporter pour perdre le moins de chiffre d'affaires possible.
ET APRÈS?
Il ne faudrait pas que cette crise dure trop longtemps comme le souligne Alexandra Kahn: "cette saison de Pâques nous permet normalement de générer de la trésorerie avant l’été, une période plus calme pour les chocolats. On espère que les commandes seront reportées."
Mais Tom Oberweis se montre très prudent: "je ne suis pas optimiste quant à la sortie de crise. Les gens ont peur, ils ne vont pas facilement retourner à leurs habitudes de consommation."