
Cet appel déposé auprès du ministère de la Culture et lancé par la CGT, Sud et la CFDT a été “voté à l’unanimité” d’une assemblée générale qui a rassemblé “environ 200 personnes” lundi matin dans l’auditorium du Louvre, selon Valérie Baud, déléguée CFDT.
Le Louvre, dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre, a dû également fermer une galerie en novembre en raison de la vétusté de l’édifice et a subi le 26 novembre une fuite d’eau ayant endommagé plusieurs centaines d’ouvrages de la bibliothèque des Antiquités égyptiennes.
“Chaque jour, les espaces muséographiques sont fermés bien au-delà des prévisions du plan d’ouverture garantie faute d’effectifs en nombre suffisant ainsi qu’en raison des défaillances techniques et de la vétusté du bâtiment constatées”, écrivent les syndicats dans une lettre adressée à la ministre de la Culture Rachida Dati et dont une copie a été transmise à l’AFP.
“Le public n’a plus qu’un accès limité aux œuvres et se trouve entravé dans ses circulations. Visiter le Louvre est devenu un véritable parcours du combattant”, estiment-ils également.
Selon eux, “les différentes alertes internes sont restées lettre morte et les éléments de langage distillés à la représentation nationale ainsi qu’aux médias par la direction du Louvre ne nous permettent pas d’espérer une prise de conscience à la hauteur de la crise que nous traversons”.
Aussi demandent-ils une négociation directement auprès du ministère de la Culture, “en raison de la dégradation sans précédent du climat social interne et de la nécessité d’obtenir des réponses de la part des autorités compétentes”.
“Entre 300 et 400 ouvrages” ont été touchés par cette fuite d’eau, a détaillé Francis Steinbock, administrateur général adjoint du musée, indiquant qu’il s’agissait de “revues d’égyptologie” et de “documentation scientifique” utilisées par les chercheurs.
Ces ouvrages reliés datent de la fin du 19e et du début du 20e siècle.
“Aucun ouvrage patrimonial n’est concerné par ce dégât”, a-t-il souligné, précisant que, “à ce stade, nous n’avons pas de pertes irrémédiables et définitives sur ces collections”.
Ce sont “des documents extrêmement utiles et très consultés” mais “pas du tout uniques au monde”, a-t-il ajouté, “ils vont sécher, on va les envoyer chez le relieur pour les remettre en état puis ils seront remis sur étagère”.
Selon le Louvre, la fuite d’eau a été découverte le 26 novembre vers 20h45 dans le réseau hydraulique qui alimente les équipements de chauffage et de ventilation de la bibliothèque, située dans l’aile Mollien.
Elle est due à l’ouverture par erreur d’une vanne de ce système, qui a provoqué une fuite d’une canalisation au plafond de l’une des salles.
“En obsolescence totale”, ce réseau hydraulique est coupé depuis plusieurs mois et doit être remplacé à partir de septembre 2026, a expliqué M. Steinbock, dans le cadre de gros travaux qui doivent s’étaler sur plusieurs mois.
“Nous allons renforcer les sécurités de manière à éviter toute erreur humaine” d’ici là, a-t-il ajouté, qualifiant l’incident “d’extrêmement regrettable”.
Une enquête interne est en cours pour déterminer les causes précises ayant mené à cette fuite.
“Ce nouvel incident confirme une situation qui se dégrade depuis trop longtemps”, a réagi dimanche la CFDT-Culture dans un communiqué.
“Fragilité des infrastructures, absence de visibilité stratégique sur les travaux, conditions de travail dégradées: la protection des collections comme la sécurité des agentes et agents et des visiteurs restent insuffisamment garanties”, a déploré le syndicat, qui annonce qu’une assemblée générale intersyndicale se réunira lundi matin “pour décider des suites à donner”.
Dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre, le Louvre a également dû fermer en novembre une galerie en raison de la vétusté de l’édifice.
Pour financer sa modernisation, son conseil d’administration a récemment approuvé une hausse de 45% du prix d’entrée pour les visiteurs extra-européens, à compter de 2026.
Le Louvre espère tirer de cette hausse des recettes supplémentaires pour répondre aux problèmes structurels de l’édifice.
Musée le plus fréquenté au monde, il a accueilli 8,7 millions de visiteurs en 2024, dont 69% d’étrangers.