Les réalisateurs du monde entier se l'arrachent : l'actrice luxembourgeoise Vicky Krieps est devenue, à 40 ans, l'un des visages les plus recherchés du cinéma contemporain.

"Cette fille est un cauchemar... ça a été très difficile de travailler avec elle (rires)... Non, je plaisante bien sûr ! Vicky, c'est quelqu'un de très spécial", confiait l'acteur britannique Tim Roth, à qui elle donne la réplique dans Bergman Island.

Port altier, moue enfantine et sourire candide, l'actrice luxembourgeoise,  qui vit aujourd'hui à Berlin, est l'étoile montante du cinéma mondial, comme  l'avait souligné le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, début juin.

Ascension fulgurante 

Née au Luxembourg d'une mère allemande et d'un père luxembourgeois, elle a enchaîné pendant une dizaine d'années des petites rôles dans des productions  européennes - comme dans le drame belge Elle ne pleure pas, elle chante (2011)  de Philippe de Pierpont ou Qui d'autre à part nous (2011) d'Andres Veiel -  avant de connaître une ascension fulgurante grâce au film Phantom Thread (2017) de l'Américain Paul Thomas Anderson, où elle partage l'affiche avec l'acteur trois fois oscarisé, Daniel Day-Lewis.

Une expérience "folle" qui l'a profondément marquée: "Pendant longtemps, j'ai eu du mal à accepter que j'avais fait ce film et que, soudainement, les gens parlent de moi et de mon travail. J'ai eu besoin de temps pour le digérer et l'accepter", raconte-t-elle.
       
Depuis, l'actrice formée à la Haute Ecole des métiers d'art de Zurich croule sous les demandes d'Hollywood. Pas encore tout à fait à l'aise avec sa notoriété et son statut de star montante, elle choisit ses rôles soigneusement en se laissant porter par ses goûts et ses envies du moment.

Comme le fait de travailler avec Mia Hansen-Love: "J'avais vu son film 'Le  père de mes enfants' (2009) quand j'étais très jeune. Je me rappelle, lorsque je suis sortie du cinéma, j'étais complètement époustouflée car pour la première fois, je voyais la mise en scène et le travail du réalisateur. Donc quand j'ai reçu le mail de sa part, j'ai tout de suite dit oui".

Le film, qui met en scène un couple de réalisateurs en quête d'inspiration sur l'île de Fårö, celle du cinéaste Ingmar Bergman, brouille habilement les  frontières entre fiction et réalité, et propulse le personnage de Vicky Krieps dans plusieurs réalités parallèles.

"Un projet très personnel" qui lui a permis d'accepter sa propre "identité multidimensionnelle": celle d'être à la fois mère et actrice. "J'ai toujours cru dans l'ordre du chaos. Assumer ce chaos, c'est tout simplement vivre",  insiste-t-elle. "Faire ce film où mon personnage trouvait sa voie en tant qu'artiste m'a aidée à trouver la mienne".

Polyglotte

Vicky Krieps est capable de jouer en français, en anglais en allemand et en luxembourgeois. "Parler plusieurs langues, c'est quelque chose de naturel pour moi parce que j'ai grandi en parlant plusieurs langues. Pour moi, la langue n'est qu'un véhicule pour aller quelque part", dit-elle.

Interrogée sur sa vision du féminisme, l'actrice répond qu'elle a toujours "consciencieusement" refusé de tomber dans le travers de la séduction, tant à l'écran qu'avec les médias. "Le féminisme, c'est simplement être qui nous sommes vraiment".