Feignant? Moi? Jamais! Mais on me prendra rarement à traîner toute la journée au bureau.

Je suis présent donc je travaille. Dans un monde où l'open space est roi, montrer que l'on arrive avant ses collègues et que l'on repart toujours après eux, c'est un peu comme leur dire "vous avez vu, j'étais là, je suis un bosseur, moi".

Qu'il soit calculé, imposé ou inconscient, ce présentéisme peut se voir accoler un autre synonyme: néfaste. En plus de ruiner, doucement mais sûrement, sa santé physique et mentale, rester au travail et "faire du rab" juste pour montrer "qu'on est là" est tout sauf productif. C'est même carrément l'inverse. Surtout quand réseaux sociaux, pauses clopes et autres passages sur Tinder viennent s'intercaler dans un emploi du temps désorganisé et toujours plus chargé.

Un peu plus au nord, nos concitoyens européens scandinaves sont en train de tomber sous le charme de la semaine allégée. Certaines entreprises ont troqué la journée de huit heures contre celle de six. Bilan des opérations: un (attendu) surcoût financier, des commerces ouverts plus longtemps, moins de pause et une productivité améliorée. 

Un changement bienvenu qui me fait me poser une question: Doit-on vraiment en faire plus pour faire mieux? À mon sens, la question est tranchée depuis longtemps. Avec ce constat très simple: je n'ai jamais été aussi efficace que lorsque je m'offre une semaine raccourcie.

Vouloir prendre plus de temps pour soi n'est pas un mal. Pas plus que partir à l'heure pour attraper son bus, aller faire ses courses ou foncer chercher le petit dernier à la crèche. Des principes à se répéter lorsque vous quittez votre poste en saluant ce collègue qui préfère "terminer un dossier important" chaque soir de la semaine.

Loin d'être une ode à la paresse (coup d'oeil inquiet vers le chef au moment où il lit ces lignes), c'est plutôt un appel à se concentrer sur ce qui est important. Et de rappeler que jusqu'à preuve du contraire, on travaille pour vivre (et certainement pas l'inverse).