Le Premier ministre portugais Luis Montenegro le 19 mai 2025 à Lisbonne. / © AFP
La loi qui définit les règles de naturalisations des étrangers au Portugal a été modifiée après un accord obtenu entre le gouvernement... et le parti d'extrême droite Chega.
Le gouvernement portugais de droite, qui ne dispose pas de majorité absolue au Parlement, est parvenu à un accord avec l'extrême droite pour adopter mardi une réforme de la loi encadrant la naturalisation des étrangers.
Le texte adopté dans la soirée avec les voix favorables des élus de la coalition gouvernementale et du parti d'extrême droite Chega ("Assez") prévoit notamment d'allonger les délais pour que les immigrés puissent obtenir la nationalité portugaise.
"Le Portugal entre aujourd'hui dans le groupe des pays européens où il sera plus difficile d'obtenir la nationalité", s'est félicité avant le vote le président de Chega, André Ventura, en expliquant qu'il y avait fallu "des concessions de part et d'autre" pour trouver un accord avec le camp gouvernemental après des mois de négociations.
"La majorité qui soutient le gouvernement a décidé de céder sur l'une de nos propositions, qui concernait l'obtention frauduleuse de la nationalité, et a décidé de ne pas céder sur une autre, (...) liée à la perte de nationalité en cas de crimes violents", a-t-il précisé.
L'exécutif de Luis Montenegro, reconduit lors des élections législatives de mai dernier, qui ont vu Chega devenir le premier parti d'opposition, avait déjà obtenu le soutien de l'extrême droite pour durcir la politique migratoire du Portugal.
Le patron de Chega, qui sera candidat à la présidentielle de 2026, a provoqué un tollé cette semaine avec une affiche électorale où sa photo est accompagnée, sans autre contexte, par la phrase "Ici ce n'est pas le Bangladesh".
Andre Ventura, leader du parti d'extrême droite portugais Chega. / © AFP
Le nombre d'étrangers établis au Portugal a doublé en trois ans, dépassant fin 2024 1,5 million d'immigrés, soit environ 15% de la population totale.
Derrière les Brésiliens, premier contingent avec près de 485.000 immigrés, nombre de ces étrangers proviennent de pays d'Asie du sud comme l'Inde (qui occupe le 2e rang avec près de 100.000 ressortissants), le Népal (6e rang), le Bangladesh (7e rang) ou le Pakistan (10e rang).
Sous le précédent gouvernement socialiste (2015-2024), le Portugal avait une des politiques migratoires les plus ouvertes d'Europe.
L'exécutif de M. Montenegro a commencé par abroger une disposition qui permettait à tous les immigrés de demander à être régularisés en démontrant qu'ils travaillaient depuis au moins un an en cotisant pour la sécurité sociale, même s'ils étaient entrés sur le territoire portugais de façon irrégulière.
En juillet, le Parlement a voté pour la création d'une nouvelle unité au sein de la police nationale, chargée de lutter contre l'immigration illégale et d'organiser les expulsions.
Puis, le mois dernier, le gouvernement a soumis une nouvelle version de sa réforme de la loi sur l'immigration, visant à répondre aux objections soulevées par la Cour constitutionnelle en matière de restrictions au regroupement familial.
Ce texte prévoit aussi de réserver les visas de recherche d'emploi aux travailleurs hautement qualifiés, et mettre fin à la possibilité pour les Brésiliens de régulariser leur situation après leur arrivée avec un visa touristique.