
Au moins 30.000 demandeurs d'asile à répartir dans l'Union européenne d'ici Noël et, pour l'heure, pas de volontaire. La nouvelle politique migratoire du continent, discutée ce mardi entre les 27 à Luxembourg, subit son premier vrai test.
Avant même que les discussions ne débutent formellement, la Pologne a jeté un pavé dans la mare en annonçant qu'elle n'accepterait pas de demandeurs d'asile d'autres Etats membres.
L'Autriche, la Belgique, la Suède... Plusieurs autres pays sont depuis sortis du bois, écartant eux aussi cette idée.
"Ça va être une discussion douloureuse", analyse un diplomate européen. Car une décision finale sur la relocalisation de migrants à travers le continent est indispensable d'ici la fin de l'année.
L'UE a adopté en 2024 une gigantesque réforme migratoire, qui entrera en application d'ici quelques mois.
Parmi ses nombreuses mesures, ce texte prévoit notamment un tout nouveau système de prise en charge des demandeurs d'asile sur le continent.
Afin de soulager les pays se situant le long des routes migratoires, comme la Grèce ou l'Italie, les autres Etats membres devront désormais s'engager chaque année à relocaliser un certain nombre de demandeurs d'asile sur leur sol. Ou, à défaut, à verser une contribution financière de 20.000 euros par demandeur d'asile aux pays sous pression.
Un minimum de 30.000 relocalisations sont exigées chaque année. Et les premières négociations sur la manière de répartir ces personnes parmi les 27 pays connaissent déjà des remous.
"Pas facile"
La mise en place de ce nouveau système migratoire doit, en théorie, suivre un calendrier bien précis.
La Commission européenne avait jusqu'au 15 octobre pour déterminer quels pays de l'UE sont considérés sous "pression migratoire", en vertu d'une série de critères.
C'est sur cette base que les Etats membres débattront ensuite du nombre de migrants que chacun est prêt à "relocaliser" sur son sol, ou de l'aide financière qu'ils sont prêts à verser.
Mais l'exécutif européen a d'ores et déjà réclamé "quelques jours" de plus pour peaufiner sa méthode de calcul, qui a fait l'objet de plusieurs récriminations d'Etats membres influents.
"Ce n'est pas facile, parce que c'est la première fois" que ce système est testé, a défendu le commissaire européen Magnus Brunner ce mardi matin à Luxembourg. "Nous en discuterons au cours de la journée", a-t-il affirmé.
Hubs de retour ?
En plus de débattre de la façon de gérer les arrivées, les Etats membres travaillent aussi à l'amélioration des expulsions de migrants.
Les ministres de l'Intérieur des 27 débattent ce mardi à Luxembourg d'une proposition de la Commission, qui permettrait, entre autres, aux pays d'ouvrir des centres en dehors des frontières de l'UE pour y envoyer les migrants dont la demande d'asile aurait été rejetée. Les fameux "hubs de retours".
Ce texte prévoit aussi des règles et sanctions plus strictes pour les déboutés d'asile refusant de quitter le territoire européen, notamment des détentions prolongées.
Là encore, les tractations sont complexes.
Plusieurs pays, dont la France, s'opposent à un point très précis du texte: la reconnaissance mutuelle des décisions d'expulsion. Soit l'idée qu'une décision prise en Italie puisse par exemple s'appliquer en France.
Cette opposition fait patiner des discussions que plusieurs pays en faveur d'une politique migratoire plus stricte, dont le Danemark, veulent à tout prix faire aboutir d'ici la fin de l'année.
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