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Dans quelques semaines, toutes les voitures neuves vendues dans l'Union européenne devront être équipées d'un limiteur automatique de vitesse. Mais ce dispositif "intelligent" sera plus ou moins contraignant selon les constructeurs, et pourrait se révéler "incroyablement agaçant", prévient un expert.
Jusqu'ici, pour tenter de freiner les automobilistes trop pressés, les autorités sont principalement intervenus avec des dispositifs externes aux véhicules : radars, dos d'ânes, chicanes... Le conducteur restait donc seul maître à bord et pouvait toujours appuyer sur le champignon si cela lui chante (rappelons pourtant que la vitesse est la première cause d'accident).
Mais à partir de juillet prochain, ceux qui achèteront une voiture neuve dans l'Union Européenne n'auront plus complètement cette liberté, car ils seront désormais accompagnés d'une sorte de "copilote" imposé. Son nom : "AIV", pour "adaptation intelligence à la vitesse".
Ce système surveillera continuellement la vitesse du conducteur, en fonction des limitations affichées. Pour y arriver, un GPS ainsi qu’une caméra capable de mémoriser les panneaux de signalisation seront intégrés au véhicule. Dès que la limite est dépassée, un " bip " sonore retentira (ou un avertissement lumineux) et informera le conducteur de son excès, qu'il ait lieu en ville, sur une départementale ou encore sur une autoroute.
"Cela peut être incroyablement agaçant"
Mais ce n'est pas tout ! Si l’usager fait abstraction de l’alerte, le système pourra réduire la puissance du véhicule ou renforcer la résistance de la pédale d’accélérateur. Oui, vous avez bien lu, dans certains cas, le système prendra la main pour vous faire décélérer de force. Cependant, selon AutoPlus, le conducteur pourra "toujours contrer l’ISA en appuyant encore plus fort sur la pédale de droite". De plus, "à l’instar du stop and start, vous pourrez le désactiver à chaque démarrage". Et toujours selon des informations d'AutoPlus, "il semblerait que l’ISA change en fonction du constructeur. Certains, en effet, ne vont pas intégrer le durcissement de la pédale d’accélérateur".

Que vous soyez sur autoroute, en ville ou sur une route de campagne, le système surveillera continuellement votre vitesse et se manifestera à chaque écart de conduite. / © Pixabay
A partir de juillet 2024, ce qui était jusqu’à présent une option sur des modèles bien équipés, deviendra donc obligatoire sur toutes les voitures neuves européennes. Sauf que ce contrôle en permanence pourrait faire grimper le stress des automobilistes : "Il suffit d’un bref moment d’inattention pour dépasser légèrement la vitesse autorisée. Et lorsqu’on vous rappelle cette situation de manière assez insistante, avec un signal sonore, cela peut être incroyablement agaçant, en effet", explique le psychologue de la circulation Gérard Tertoolen sur 7sur7.
On peut aussi s'interroger sur les conséquences juridiques de ce dispositif : en cas d'accident, est-ce que le conducteur pourra encore plaider la bonne foi, si le système lui avait indiqué qu'il roulait bien trop vite ?
L'Union Européenne rappelle que le but de ce dispositif est de respecter le plan “vision zéro”, qui ambitionne de réduire à zéro le nombre de morts sur les routes de l’Europe d’ici à 2050. Selon des estimations, l’introduction de l’ISA pourrait permettre de réduire de 20 % le nombre de morts sur les routes de l’Union.