Il a également été condamné à une amende de 10.000 euros et une interdiction d'exercer sa profession pendant 10 ans. Les quatre autres policiers impliqués ont écopé de peines moins lourdes.

Six ans de prison, dont cinq avec sursis: tel est le verdict prononcé à l'encontre du policier qui, en 2019, avait frappé sa victime au visage avec des gants renforcés à l’hôpital d’Esch, lui provoquant de multiples fractures au visage. Au moment des faits, la victime avait les mains menottées dans le dos et n’opposait aucune résistance.

Pour les quatre autres policiers présents, qui ont maintenu la victime pendant que leur supérieur la frappait, ou qui ont ensuite aidé à éliminer des traces et falsifier des témoignages, le tribunal a retenu trois ans de prison avec sursis intégral pour chacun. Les policiers ont en outre écopé d’amendes de 10.000 et 5.000 euros.
Le principal auteur se voit également interdit d’exercer la profession de policier pendant dix ans. Pour les quatre autres, pour certains de très jeunes policiers et soumis à la pression de leur supérieur, le tribunal n’a pas prononcé une telle interdiction.

Que s'était-il passé ?

En 2019, le principal accusé a été appelé avec deux jeunes collègues policières dans un café à Esch-sur-Alzette pour une bagarre.

À leur arrivée, la situation s'était déjà calmée. Cependant, la future victime, qui aurait jeté une chaise sur un autre client du bistrot au cours de la bagarre, était fortement alcoolisée. Avant son transfert en cellule de dégrisement, un médecin devait établir un certificat attestant qu'elle était apte à être détenue. Une autre patrouille est arrivée avec une camionnette pour conduire l'homme au CHEM, le Centre hospitalier Emile Mayrisch. Mais déjà avant qu'il ne monte dans le véhicule, une altercation a éclaté. Finalement, l'homme a effectué le trajet jusqu'à l'hôpital allongé sur le plancher du fourgon de police, entre les sièges.

A leur arrivée au CHEM, l'un des policiers est allé chercher un fauteuil roulant. Ils ont installé l'homme dedans, ce qui lui a fait mal, car il avait les mains menottées dans le dos. Il a alors tenté de se lever. Mais les policiers l'ont tiré en arrière. Et cela lui a valu un premier coup de poing dans le ventre du principal accusé.

Mais les caméras de surveillance dans le couloir du CHEM montrent comment deux des policiers tenaient la victime par les bras, à droite et à gauche, pour la ramener vers la camionnette. Puis, l’accusé principal a enfilé ses gants renforcés, a crié quelque chose à ses collègues, qui se sont retournés avec la victime. L’accusé principal a pris quelques pas d’élan et a frappé l’homme au visage avec son poing. L'homme s'est immédiatement évanoui. Les policiers l'ont hissé dans la fourgon. Alors qu'il présentait de multiples fractures et avait le visage complètement tuméfié, ils l’ont conduit en cellule de dégrisement et ne sont plus retournés le voir. L’équipe qui assurait la garde suivante a trouvé la victime le matin, baignant dans son sang, et a immédiatement appelé une ambulance. Elle a également remarqué que le certificat médical ne mentionnait aucune blessure au visage. Il est donc vite apparu que ces blessures avaient été causées après le passage de la victime chez le médecin au CHEM.

Les quatre jeunes policiers coinculpés ont nettoyé le sang dans le couloir du commissariat, ou ont fait nettoyer la camionnette. Ils ont falsifié leurs propres déclarations ainsi que celles des témoins, afin de faire croire que la victime avait déjà des blessures au visage lorsqu’elle se trouvait au bistrot.

Un appel contre ce jugement est possible dans un délai de 40 jours.

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