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Le procès de cinq policiers suspendus s'est poursuivi mercredi devant le tribunal d'arrondissement de Luxembourg. Le parquet a requis des peines de prison à l'encontre des cinq accusés.
En 2019, l'un des policiers poursuivis a arbitrairement battu un homme, censé passer la nuit en cellule de dégrisement. Il est notamment accusé d'"actes de torture". Les quatre autres fonctionnaires de police sont poursuivis pour "non-assistance à personne en danger", mais aussi pour avoir aidé l'accusé principal à dissimuler les faits. Les cinq sont encore accusés de faux et d'entrave à la justice.
Mercredi, à l'audience, le parquet a requis six ans de prison ferme à l'encontre du principal accusé et quatre ans pour chacun des quatre autres prévenus ainsi que des amendes. Il a également demandé la destitution des policiers de leurs fonctions.
La représentante du parquet a laissé à l'appréciation du juge le soin de retenir ou non l'accusation de tortures. Mais lorsque le policier a frappé au CHEM en 2019, la victime était menottée et retenue par deux autres policiers. La substitut a aussi l'impression que ces derniers avaient tourné la victime intentionnellement vers le policier agresseur, mais elle estime que l'accusation de torture ne doit pas être bradée. "Je ne peux pas imaginer comment quelqu’un peut agir de manière aussi inhumaine", a-t-elle ajouté. Ils l'ont poussée dans la camionnette "comme un morceau de viande". Et ils l'ont encore poussée plus loin pour que ses pieds ne dépassent plus.
Les policiers ne doivent pas tolérer n'importe quoi lorsqu'ils sont en service. Ils ne doivent pas se laisser mordre ni cracher dessus, a expliqué la représentante du parquet. Mais cette violence n'était pas légitime, car la victime n'avait pas bronché à ce moment-là. Il s'agissait d'un service normal, durant lequel une personne en état d'ébriété devait être placée en cellule de dégrisement. Ce n'était pas agréable. Mais la colère du principal accusé était infondée. Il avait simplement un seuil de frustration bas et était une véritable "bombe à retardement", a-t-elle poursuivi.
La représentante du parquet a retenu une circonstance aggravante, car le policier portait des gants renforcés, qui ne faisaient pas partie de l'équipement policier à l'époque. Elle veut bien aussi retenir la circonstance atténuante que le délai raisonnable a probablement été dépassé. En revanche, elle considère qu'avoir un casier vierge est une évidence pour un policier.
Pour les quatre autres accusés, la substitut du procureur a mentionné comme circonstance atténuante les pressions entre collègues.
L'avocat du principal accusé a évoqué la défaillance d'un homme, mais aussi de l'ensemble du système policier. Il a lu à l'audience un mail dans lequel le policier expliquait ce qui s'était passé depuis sa détention provisoire. Il lutte contre la dépression. Il ne peut rien faire, car il ne peut pas se projeter dans l'avenir. C'est pourquoi il ne peut pas entretenir de relation. Aucune femme ne veut être avec un homme dépressif incapable de se projeter dans l'avenir. Il a adopté un chien pour avoir une responsabilité. Mais il refuse de se mêler aux gens, car il ne se sent pas à l'aise. Ce qu'il a fait, le hante chaque jour et il le regrettera jusqu'à sa mort.
Le procès se poursuivra jeudi devant le tribunal d'arrondissement de Luxembourg.
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