L'ambiance est tout sauf au beau fixe entre plusieurs propriétaires et le promoteur d'un projet immobilier dans la commune de Walferdange.

Le projet de logements dans lequel ces propriétaires ont investi ou dans lequel ils souhaitent vivre a plus de trois ans de retard.

Acquéreurs et promoteur se sentent agressés mutuellement, les premiers se basent sur la règle du "clé en main", qui prévoit un logement complètement terminé lors de la remise des clés et le deuxième évoque une situation compliquée depuis la crise et de nombreux problèmes auxquels il faut faire face mais une volonté de l'entreprise de tout faire pour satisfaire les attentes des clients.

"Trois ans c'est vraiment trop"

L'un des propriétaires n'en peut plus d'attendre, il est également le président du syndic de deux de trois lots concernés.
 
Alors qu'au mois de mai, RTL s'était déjà penché sur les retards de ce projet immobilier, les travaux de construction ont effectivement avancé en six mois, les appartements sont en partie terminés, mais les clients pointent encore de nombreux aspects promis dans le contrat qui n'ont pas été respectés.

"Ils nous font des promesses qu'ils ne tiennent pas, ils nous font attendre sans cesse, il y a des pièces cassées", déplore un couple qui vit enfin dans son penthouse après deux ans de retard, "on doit faire venir un spécialiste pour faire les réparations".

Des clauses illégales ?

Un autre propriétaire, Sajad Tabibi, n'a toujours pas pu emménager dans son appartement.

Il nous raconte avoir demandé à de nombreuses reprises la date de remise des clés, qui a été chaque fois remise à plus tard: "on attend de recevoir cette clé depuis près de trois ans, et cela fait six ans que nous avons signé le contrat lors de la Foire du Logement, c'était en 2019. Nous n'avons pas de clé car ils expliquent que le bien n'est pas terminé et ils nous demandent d'abord de signer une clause d'interdiction de recours, ce que j'ai refusé de faire. Ils nous ont également expliqué que lorsque nous recevrons les clés, nous ne pourrons pas non plus nous inscrire à la commune".

Sajad et sa famille, sa femme et son enfant en bas âge, sont logés pour le moment dans une petite habitation de vacances, sans avoir accès à son appartement.

Pas de toilette & cave humide

Un autre couple nous montre qu'ils pourraient effectivement emménager, mais... sans toilette. Sans oublier la cave qui présente des traces manifestes d'humidité. "Cela est inacceptable" déclare le représentant des propriétaires mécontents, "on ne peut plus tolérer un retard de trois à quatre ans", s'exclame Lucien Linster, également propriétaire qui a demandé un dédommagement.

Son locataire Remy Tertre vit à l'intérieur, s'y plaît, mais est fortement embêté par la situation à l'extérieur du bâtiment qui est loin d'être terminé. Le chantier continue et le bruit est tout aussi difficile à supporter que la crasse dans les parties communes, qui ne sont pas non plus complètement finies.

Il n'y a pas que des mécontents

Claude Jacoby vit depuis le mois de juillet au Millewee, dans le bloc Diamante. Il a également dû attendre plus longtemps que prévu, les parties communes doivent encore être achevées, mais globalement il a l'impression que tout a été réalisé comme il faut dans son appartement de 75m²: "tout était dans un bon état avec des matériaux haut de gamme".

Trois lots, trois résidences à l'aspect plutôt chic de l'extérieur et un promoteur qui promet des merveilles. Des 64 appartements, 40 sont occupés, et il existe des problèmes avec seulement dix propriétaires, comme l'explique Refa Real Estate qui évoque la crise et toutes ses conséquences. "Nous avons dû assainir le terrain que nous avions acheté!", relate Thomas Becker, directeur administratif chez Refa Real Estate, "deux des trois blocs sont complètement terminés, mis à part quelques retouches à faire ici et là, mais ce sont des dégâts liés aux emménagements, notamment".

La faillite de l'entrepreneur n'arrangerait personne, du point de vue des acquéreurs. Le promoteur se souvient de la période Covid, parle de problèmes ponctuels à surmonter, de l'explosion du prix des matériaux... "Nos dépenses sont plus élevées que ce que nous avons reçu pour les appartements", souligne Thomas Becker qui précise que son groupe a dû "injecter pas moins de sept millions de notre proche pour pouvoir terminer le projet. Des entreprises comme Cenaro n'auraient pas pu passer ce cap et d'autres auraient réalisé des économies sur la qualité".

Le reportage de RTL Télé: