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Au cours de l'enquête, le nom de Ben Geiben, fondateur de la Brigade mobile de la gendarmerie, revenait sans cesse. Mais du jour au lendemain, il s’est retrouvé hors de la ligne de mire.
Que s’est-il passé le 18 octobre 1985 à Bruxelles ? C’est la question que s’est posée l’un des enquêteurs au procès Bommeleeër bis ce jeudi.
Actuellement, six accusés doivent répondre devant le tribunal de Luxembourg, de faux témoignages faits lors du premier procès Bommeleeër en 2013/2014.
Juste un jour avant qu'un nouvel attentat soit commis au Luxembourg, trois enquêteurs de la Sûreté se trouvaient à Bruxelles, car ils voulaient demander aux autorités belges ou effectuer eux-mêmes une surveillance sur la personne d’un ancien membre de la Brigade Mobile. À ce moment-là, Ben Geiben ne faisait plus partie de la gendarmerie et vivait à Bruxelles.
Que savait et que sait l’un des anciens membres de la Sûreté, Guillaume Büchler ? L’enquêteur, qui a analysé les 11 fausses déclarations reprochées à ce dernier, a souligné que cela doit être plus que ce qu’il prétend. Après tout, il était membre du groupe d’enquête "Bommeleeër". Guillaume Büchler est le seul accusé à s’être présenté au tribunal sans avocat. "Je n’ai rien à me reprocher, et celui qui n’a rien à se reprocher n’a pas besoin d’avocat", avait-il affirmé le premier jour du procès.
Si l’on découvrait ce qui s’est réellement passé à Bruxelles, on pourrait sans doute comprendre pourquoi la surveillance de Ben Geiben au Luxembourg, a été abandonnée le lendemain de la visite des enquêteurs à Bruxelles, selon l’enquêteur. Le jour suivant cette visite, en effet, une explosion s’est produite devant le Palais de Justice de Luxembourg et, presque en parallèle, il a été décidé que la piste "Ben Geiben", jusque-là prometteuse, était abandonnée.
La piste "Ben Geiben" : plus prioritaire ou complètement abandonnée ?
Au quatrième jour du procès Bommeleeër bis, la parole a ensuite été donnée à l’enquêteur qui s’est penché sur les 25 fausses déclarations présumées d’Armand Schockweiler. À l’époque des attentats, celui-ci était chef des enquêteurs à la Sûreté et avait également fait le déplacement à Bruxelles le 18 octobre 1985 dans le cadre de la surveillance de Ben Geiben. Il ne savait pas pourquoi la surveillance au Luxembourg avait été interrompue immédiatement après, avait déclaré l’accusé lors des interrogatoires. Il ignorait également que le Service de renseignement de l'Etat luxembourgeois (SREL) avait été chargé d’une surveillance nationale. "Cela semble toutefois improbable", selon l’enquêteur de police.
En sept minutes, l’accusé avait donné trois déclarations différentes concernant cette surveillance nationale.
Après l’attentat près du Palais de Justice, personne ne lui avait ordonné d’abandonner la piste "Ben Geiben", avait également déclaré Armand Schockweiler lors d’un interrogatoire. Il n’avait pas non plus dit aux autorités belges de laisser tomber cette piste. Elle n’était simplement plus prioritaire.
Après l’audience, l’avocat d’Armand Schockweiler, Maître Benoît Entringer, a critiqué le rapport de l’enquêteur en charge de son client, le qualifiant de "mince, imprécis et pas neutre", mais plutôt orienté et biaisé. De nombreuses suggestions et suppositions sont faites. "Et cela n’est certainement pas le rôle d’un témoin. Un témoin doit dire ce qu’il sait, pas avancer des suppositions", a déclaré l’avocat. La veille, l'enquêteur avait toutefois répondu à une critique similaire en affirmant que le juge d’instruction avait donné son accord pour que ses réflexions soient intégrées.
Concernant les éventuelles fausses déclarations pendant le procès de 2013/14, Maître Benoît Entringer souligne qu’à l’époque, les interrogatoires étaient menés dans toutes les directions pendant le procès: "On insistait lorsque la réponse n’était pas celle attendue. On s'acharnait jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de réponse. Ce n’était certainement pas la sérénité de la justice que l’on pouvait attendre", se souvient l’avocat, qui avait lui-même assisté à plusieurs séances. Les témoins pouvaient aisément être déstabilisés.
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