Mercredi, au deuxième jour du procès Bommeleeër bis, 18 faux témoignages présumés de l’ancien colonel Aloyse Harpes ont été analysés pendant près d'une heure et demie.

Le procès Bommeleeër bis porte sur des fausses déclarations présumées lors du procès Bommeleeër de 2013/14. Or, la partie civile, constituée par les principaux accusés de ce premier procès Bommeleeër, Jos Wilmes et Marc Scheer, souhaitait faire intervenir trois témoins supplémentaires, dont le fondateur de la Brigade mobile de la gendarmerie, Ben Geiben. Celui-ci a quitté la gendarmerie en 1984.

Cependant, les avocats des accusés dans le procès qui se tient actuellement, ont unanimement estimé que la partie civile cherchait ainsi à prolonger le procès Bommeleeër de 2014 et à ne pas aborder franchement la question des fausses déclarations des six accusés actuels. Ils ont également jugé arrogant le fait que Jos Wilmes et Marc Scheer réclament désormais chacun un demi-million d’euros de dommages et intérêts à l’encontre de personnes qui s’étaient engagées pour eux à l’époque et avaient même perdu leur poste. La demande visant à convoquer d’autres témoins a été rejetée par les juges.

L'officier supérieur n'aurait rien su 

Au cours de la suite de l'audience, il a été question de 18 fausses déclarations présumées d’Aloyse Harpes, aujourd’hui âgé de 97 ans, ancien officier supérieur de la gendarmerie. Lors du premier procès, fin 2013, lorsqu'Aloyse Harpes avait témoigné, il s’était présenté comme relativement ignorant et passif, selon l’enquêteur de police chargé de ce dossier. Les déclarations d’Aloyse Harpes étaient, sur plusieurs points, en totale contradiction avec celles d’autres témoins ou avec les éléments figurant dans le dossier. "Avec ses déclarations, il faudrait croire qu’il ne s’était absolument pas intéressé au dossier", a indiqué l’enquêteur. Pourtant, c’était à lui en premier ressort de trouver "la pomme pourrie". L’accusé aurait au départ agi avec vigueur, puis soudain plus rien ne se serait passé. Pendant le procès de 2013, lorsqu’on lui avait demandé pourquoi après la surveillance dont il avait été l'objet, la piste Ben Geiben avait été abandonnée après l’attentat contre le Palais de Justice en octobre 1985, il avait répondu : "J’ai dit, une affaire qui tourne mal, on ne retourne plus fouiller dedans."

Pour répondre à l’hypothèse de l’accusé concernant un tiers inconnu qui aurait veillé à ce que l’affaire soit étouffée, l’enquêteur déclare : "Il a bien fallu que quelqu’un appuie sur le bouton pour que tout se calme en interne à la gendarmerie. Qui aurait pu dire 'c’est fini maintenant' ? Je dois avouer qu’il était le seul à pouvoir faire exécuter un tel ordre venant de l’extérieur de la Gendarmerie." La piste selon laquelle les poseurs de bombes auraient pu être des militaires a ensuite été écartée par Aloyse Harpes, car pour lui il était clair qu’il ne pouvait pas s’agir de personnes issues de ce milieu.

L’avocat d’Aloyse Harpes, son fils André Harpes, a critiqué le fait que l’enquêteur ait enchaîné "une supposition après l’autre". Il aurait assemblé des pièces du puzzle pour que cela corresponde. L’enquêteur a affirmé que le juge d’instruction avait donné son accord pour que des réflexions puissent être intégrées : "Sinon, on n’avance pas", selon l'enquêteur. "Il s’agissait d’évaluer le travail des enquêteurs et la hiérarchie des enquêteurs", a souligné la représentante du parquet.

Par ailleurs, il a également été précisé à l'audience de mercredi que l’accusé dans le procès Bommeleeër de 2013/14, Marc Scheer, avait demandé par mail en 2012 à Marcel Weydert s’il était bien la personne figurant à côté de lui sur une photo publiée dans le Luxemburger Wort, après qu’un journaliste du Wort lui eut posé la question.

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