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Dans son rapport annuel publié ce 20 novembre, l’UNICEF tire la sonnette d’alarme : les progrès réalisés ces dix dernières années contre la pauvreté des enfants stagnent, freinés par les conflits, le changement climatique et la crise du financement international. Au Luxembourg aussi, un enfant sur quatre reste exposé au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale.
À l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance, l’UNICEF publie son rapport phare La situation des enfants dans le monde 2025. Une conclusion domine : malgré des avancées entre 2013 et 2023, la lutte contre la pauvreté infantile marque un inquiétant coup d’arrêt.
Selon l’organisation, 417 millions d’enfants dans les pays à revenu faible et intermédiaire vivent aujourd’hui dans une pauvreté multidimensionnelle sévère, c’est-à-dire privés d’au moins deux besoins essentiels tels que la nutrition, l’eau potable, l’assainissement ou un logement sûr. La proportion d’enfants concernés est certes passée de 51 % à 41 % en dix ans, mais cette dynamique positive s’est essoufflée, freinée par l’intensification des conflits, les effets du changement climatique, l’endettement croissant des États et les coupes budgétaires dans l’aide au développement.
Le rapport pointe également la pauvreté monétaire, encore plus restrictive en matière d’accès à l’alimentation, à la santé et à l’éducation. Plus de 19 % des enfants dans le monde vivent ainsi avec moins de 3 dollars par jour, dont près de 90 % en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Selon The Lancet, les réductions actuelles de l’aide internationale pourraient provoquer la mort de 4,5 millions d’enfants de moins de 5 ans d’ici 2030.
"Trop d’enfants étaient déjà privés de leurs besoins essentiels avant que la crise mondiale du financement ne menace d’aggraver la situation", alerte Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF, appelant les gouvernements à "consolider les progrès durement acquis".
Au Luxembourg, un enfant sur quatre en situation de risque
Le constat se vérifie également au Luxembourg. Malgré un PIB par habitant parmi les plus élevés d’Europe, l’UNICEF dévoile une réalité préoccupante : un enfant sur quatre, soit près de 30.000 enfants, reste exposé au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale.
Les données d’UNICEF Innocenti montrent qu’entre 2012 et 2021, la pauvreté infantile a progressé de 3,7 points, effaçant dix ans de progrès. Les familles monoparentales — principalement des femmes — sont parmi les plus fragilisées : elles consacrent jusqu’à 49 % de leur revenu au logement, et plus de 40 % de leurs enfants vivent dans la pauvreté.
Dans son étude Enfants d’aujourd’hui, Avenir de demain, UNICEF Luxembourg identifie plusieurs leviers pour inverser cette tendance. Une réforme globale et inclusive des allocations familiales, du congé parental et des services de garde permettrait de réduire significativement la pauvreté des enfants. L’organisation préconise également de simplifier l’accès aux aides publiques et de développer des systèmes plus complets de collecte de données afin d’évaluer l’efficacité des politiques sociales. Selon les simulations du rapport, ces ajustements combinés pourraient faire reculer la pauvreté infantile de un enfant sur quatre à un sur dix.
"Éthiquement et financièrement, le Luxembourg ne peut que gagner en réduisant la pauvreté des enfants. Le temps d’agir est maintenant !", insiste Sandra Visscher, directrice d’UNICEF Luxembourg.
Une mobilisation nationale autour des droits de l’enfant
Pour cette Journée mondiale de l’enfance, UNICEF Luxembourg coordonne un large programme d’actions éducatives et symboliques. Des ateliers sur les droits de l’enfant se tiennent dans plusieurs écoles fondamentales, lycées et centres de formation, avec l’appui des jeunes ambassadeurs de l’organisation. Une conférence intitulée "Manger sainement et bouger davantage en famille" complète la journée.
Dans tout le pays, communes, entreprises et établissements scolaires participent également à l’initiative GoBlue en illuminant leurs bâtiments ou en menant des actions destinées à mettre en lumière l’importance des droits de l’enfant.