Le système de santé luxembourgeois est très bon et doit le rester, a déclaré le président de la Fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL) à propos des récentes discussions sur une éventuelle commercialisation de la médecine.

Le projet de la “Findel Clinic” est perçu par le Docteur Marc Berna plutôt comme une opportunité, à condition qu’elle fonctionne comme une antenne hospitalière. Sinon, cela posera toute une série de problèmes. 
 
"Premièrement, pour que cela soit rattaché à une clinique. Les interventions qui y seront pratiquées : qui s’occupera des complications si elles surviennent ? Les actes seront réalisés en journée, et les problèmes qui apparaîtront la nuit, seront alors pris en charge dans les cliniques. Ce lien doit être beaucoup plus étroit avec une clinique. Deuxième problème : si l’on crée un environnement où les médecins peuvent travailler sélectivement de 8 h à 18 h, puis fermer boutique sans assurer de gardes, cela risque d’être tellement attractif que les praticiens quitteront les hôpitaux pour pouvoir aller travailler dans ces structures. Ce n’est pas acceptable non plus.Enfin, qu’en est-il de la rémunération ? Sont-ils soumis à la même convention collective ou non ? Et si ce n’est pas le cas, comment convaincre les professionnels d’aller travailler dans ces structures ?"

 

La rupture de convention entre la CNS et l’AMMD peut être une opportunité

En ce qui concerne la rupture de convention entre l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) et la Caisse nationale de Santé (CNS), le président de la FHL la considère plutôt comme une opportunité pour développer quelque chose de mieux.

"Cependant, un pilier de notre système de santé, auquel la FHL ne recommande pas de s'attaquer, est le conventionnement obligatoire des médecins. Selon nous, cela garantit un accès équitable au système de santé et constitue donc un élément essentiel. Car un bon système de santé n’est efficace que s’il permet à tous les patients une excellente prise en charge."

Si un médecin n’est pas lié à la Caisse nationale de santé, il peut théoriquement fixer le tarif qu’il souhaite.

"Pour le dire de manière percutante, nous nous dirigerions alors vers un système semblable à celui des États-Unis, où l’on trouve la meilleure prise en charge médicale du monde pour très peu de personnes, tandis que la majorité de la population est plutôt en mauvaise santé."

Le système de santé luxembourgeois est sous pression à cause du manque de personnel 

Si nous avons actuellement autant de discussions sur la privatisation, cela tient au fait que si nous disposons d’un très bon système de santé, il est néanmoins sous pression.

"Nous avons au Luxembourg une espérance de vie plus élevée et moins de décès dus à des maladies évitables que dans les pays voisins. Mais le fait est, évidemment, que le système est actuellement sous tension. Nous avons moins de croissance économique et moins de croissance démographique qu'au cours des dernières décennies. Par conséquent, nous avons aussi des problèmes pour trouver suffisamment de personnel pour travailler dans le secteur. Le système doit donc s’adapter, et il doit le faire relativement rapidement. C’est pourquoi nous voyons également une opportunité dans les structures extra-hospitalières."

Développer la formation au Luxembourg avec un hôpital universitaire? 

Il faudrait également former davantage de médecins et de professionnels de santé au Luxembourg, et surtout à un niveau qualitatif plus élevé, selon le Docteur Berna. L’Université du Luxembourg s’y emploie déjà, mais ces efforts doivent être intensifiés. Qu’en est-il, dans ce contexte, de la création d’un hôpital universitaire ?

"Au Luxembourg, une médecine universitaire est réalisable si nous travaillons tous ensemble en réseau, c'est-à-dire l’université, les instituts de recherche et les hôpitaux, afin d’intégrer la fonction d’un hôpital universitaire dans notre système global."

Un modèle similaire, où toutes les cliniques publiques sont rattachées à l’hôpital universitaire, existe à Singapour. Un pays comparable au Luxembourg en termes de richesse et de fonctionnement, selon le président de la FHL, le Docteur Marc Berna.

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