Deux mois après la présentation par le gouvernement de la réforme des retraites, la Fondation Idea a évalué le plan luxembourgeois. Qui s'avère surtout être un ensemble de mesures court-termistes et globalement inéquitables pour les travailleurs.

À l'image d'un pansement sur une plaie ouverte, la réforme des retraites présentées par le gouvernement en septembre ne règlera pas le problème de fond du système luxembourgeois.

Ce mardi, la Fondation Idea a publié un document analysant cette réforme actuellement en discussion à la Chambre, et dont l'entrée en vigueur aura lieu le 1er janvier 2026.

Globalement, l'allongement des carrières luxembourgeoises de huit mois (prévu progressivement à partir de 2026), la hausse des cotisations (qui fera baisser votre salaire en 2026) et les incitations à repousser les départs anticipés en pension n'auront qu'un effet limité sur les finances du système : au lieu d'être en déficit dès 2026, le système passera dans le rouge en 2031. Et la réserve des retraites, véritable matelas censé protéger le système, sera épuisée en 2044.

"Les mesures ne contribuent pas suffisamment à la durabilité financière des systèmes de pension, à moyen terme en particulier" note Muriel Bouchet, économiste et auteur de l'analyse publiée par la Fondation Idea. La solution choisie par le gouvernement n'est ainsi que "transitoire" et conduira inévitablement à une nouvelle réforme vers 2030. Après les prochaines élections législatives donc.

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Des milliers de personnes avaient manifesté contre la politique gouvernementale, et plus particulièrement la réforme des retraites, en juin 2025. / © Archives RTL

La Fondation estime notamment que le gouvernement ne parviendra pas à encourager massivement les travailleurs qui le peuvent de repousser leur retraite anticipée. Même avec la baisse d'impôt promise (qui représentera plusieurs milliers d'euros par an).

L'économiste de la Fondation Idea note encore que l'effort est inéquitablement réparti : les travailleurs seront mis à contribution, tandis que les retraités ne le seront presque pas. Leur seul effort sera une moindre revalorisation de leur pension par rapport aux salaires réels.

La Fondation propose plutôt une hausse progressive de la pension minimum (jusqu'à 5% en 2030, soit environ 108€ brut), "mesure qui serait particulièrement favorable aux femmes et à l’ensemble des pensionnés – y compris les non-résidents".

De la même manière, l'allongement des carrières de huit mois touchera le secteur privé et le secteur public, à l'exception des employés des régimes spéciaux (embauchés avant le 1er janvier 1999). Une "asymétrie" en faveur des retraités du secteur public.

Enfin, Idea remarque que l'allocation de fin d'année (1.004€ brut pour une carrière complète) sera maintenue. Ce qui est évidemment bénéfique pour les petites retraites. Mais ne permet "aucun ciblage social" : un retraité avec une pension de 2.000€ est logé à la même enseigne que celui gagnant 6.000€. Idea propose plutôt de rendre l'allocation dégressive et de la supprimer complètement au-delà de 8.000€ de retraite.