
© Anne Wolff / RTL
En ce jour de rentrée scolaire au Luxembourg, RTL recevait lundi matin le ministre de l'Education nationale, Claude Meisch.
Ce lundi, c'est la rentrée pour les 63.000 élèves du fondamental. Mardi, ce sera au tour des élèves de 7ème de faire leur première rentrée au lycée. Les autres lycéens reprendront les cours mercredi.
Le Luxembourg conserve les classes "tablettes"
Le Luxembourg maintient les classes "tablettes", même si des pays scandinaves font marche arrière en ce domaine. L'institut Karolinska en Suède a constaté dans une étude que les élèves qui étudiaient avec une tablette, accusaient un retard important par rapport aux autres. En lecture, il est question d'un retard d'environ deux ans sur les autres élèves. Claude Meisch a indiqué lundi sur RTL qu'il ne pouvait pas confirmer ce constat, mais qu'il est cependant important de trouver un équilibre: "On avait un peu l'impression que la tablette était devenue un gadget avec le slogan 'Venez à notre école, vous aurez une tablette". Et nous savons maintenant, et ce n'est pas seulement une nouvelle découverte pour l'école, mais aussi une nouvelle découverte pour la société, que de nombreuses choses se font sur les tablettes et les smartphones, qui ne sont pas bonnes pour les jeunes. C'est pourquoi nous devons y être attentifs."
Utilisation de l'IA seulement au lycée
Au cours de cette année scolaire, le ministère de l'Education va élaborer une stratégie pour encadrer l'usage de l'intelligence artificielle dans les établissements scolaires. C'est bien sûr devenu une réalité à laquelle plus personne n'échappera, explique Claude Meisch, mais il existe des risques manifestes. La première année de lycée est le bon moment pour l'introduction de l'IA dans le programme. Il serait préoccupant que les élèves y recourent déjà à l'école primaire pour faire leurs devoirs, selon le ministre: "Quelqu'un qui laisse toujours la machine penser, n'apprend jamais à penser. Et je vois vraiment là un risque d'appauvrissement cognitif collectif."
Alphabétisation en français: l'intégration "ne fonctionne pas" dans le système actuel
A partir de la prochaine rentrée, les parents d'enfants au cycle 1.2. pourront décider si leur enfant sera alphabétisé en français ou en allemand. Ensuite le programme sera étendu progressivement aux autres classes de l'enseignement fondamental jusqu'en 2032. Jusqu'à présent, le projet pilote était appliqué dans quatre écoles. 48 élèves en tout ont été alphabétisés en français.
Une étude a évalué les résultats des classes pilotes aux épreuves standardisées en comparaison avec des groupe de référence issus du même milieu socio-économique et avec la moyenne nationale. Il s'avère que les élèves apprennent mieux à lire et à écrire dans la langue qui leur est la plus proche. Cependant, l'étude de l'Université du Luxembourg souligne également que la portée des résultats est limitée en raison de la taille réduite de l'échantillon et du fait que les tests n'étaient parfois pas identiques pour les groupes de comparaison, mais seulement similaires sur le plan conceptuel. Par ailleurs, une grande motivation a été constatée chez les élèves et les parents ont également accueilli favorablement le projet.
Claude Meisch réfute l'argument qu'une étude soit une preuve insuffisante pour justifier une politique nationale: "Tant les scientifiques que les enseignants et les directions recommandent tous la généralisation de cette mesure. C'est bénéfique pour les élèves."
Le développement fera l'objet d'un suivi scientifique. Le ministre de l'Éducation ne croit pas que l'alphabétisation en français puisse entraver l'intégration: "nous voyons vraiment aujourd'hui que l'intégration ne fonctionne pas, parce qu'à la fin de l'école primaire les chemins divergent, et cela s'établit généralement très tôt, après l'alphabétisation, de sorte que certains progressent bien et d'autres sont en retard. Et les uns fréquentent ensuite, par exemple, un lycée classique, principalement ceux qui parlent luxembourgeois à la maison et ceux qui ne le parlent pas, ont beaucoup plus de chances de se retrouver dans la voie de préparation. C'est une division dans notre société, et nous voulons l'éliminer."
Bien sûr, tous les élèves ne doivent pas être orientés vers le classique, mais tous ne doivent pas l'être non plus vers le préparatoire.
Critique des acteurs de l'enseignement à propos du manque de salles
L'annonce du programme d'alphabétisation en français a suscité l'inquiétude des acteurs de l'enseignement sur le terrain, pour lesquels il n'y aurait pas suffisamment de salles de classe disponibles. Claude Meisch relativise. Rien que cette année, les écoles primaires comptent 1.000 élèves de plus que l’an dernier. Par conséquent, la pression est forte pour agrandir les écoles. Par ailleurs, les allongements sont en recul de 25% dans les classes pilotes. Selon les estimations du ministère, il manquera environ 150 salles de classe sur six ans.
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