Élèves et enseignants se préparent pour la nouvelle année scolaire qui commence lundi, le syndicat de l'éducation et des sciences (SEW) de l'OGBL a présenté une série de revendications, brossant un tableau inquiétant de la situation dans les écoles primaires luxembourgeoises.

La conférence de presse du syndicat a débuté par un constat sans appel: "le personnel enseignant ne va pas bien". Les représentants du SEW ont cité le sous-financement chronique, la bureaucratie excessive et les problèmes de gouvernance au sein de certaines équipes de direction d'écoles comme principales préoccupations.

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Un point de discorde important est la politique d'inclusion des enfants ayant des besoins spécifiques, que le syndicat a qualifiée de "bien intentionnée" mais "mal mise en œuvre".

Selon Joëlle Damé, responsable de l'enseignement primaire au SEW, la situation est particulièrement critique dans le cycle 1. Elle a expliqué que les enfants de ce cycle manquent souvent de diagnostic formel ou de soutien, alors que les défis sont de plus en plus nombreux. Mme Damé a cité une augmentation du nombre d'enfants qui ne sont pas propres à leur entrée à l'école ou qui présentent des problèmes de comportement importants.

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© Marc Hoscheid / RTL

Pour remédier à ces problèmes, le syndicat demande qu'un deuxième enseignant soit affecté à chaque classe du cycle 1.

Le SEW a également critiqué le nouveau projet d'alphabétisation "Alpha" en français. Tout en reconnaissant le mérite théorique de cette initiative, le syndicat a averti que sa mise en œuvre était trop rapide et manquait de ressources. En outre, il soutient que le projet n'est pas une solution universelle, car il profiterait principalement aux "enfants francophones et lusophones issus de milieux socio-économiques moyens à élevés". Pour les élèves les plus vulnérables, notamment ceux issus de milieux socio-économiques défavorisés ou présentant des retards de développement, elle a averti que l'alphabétisation en français seule n'était pas la solution.

Le syndicat craint également que le projet Alpha ne détourne des ressources essentielles destinées aux enfants ayant des difficultés d'apprentissage. Elle a souligné un problème existant, à savoir que les enseignants sont déjà contraints d'utiliser les cours de rattrapage et les heures de soutien scolaire pour gérer les problèmes de comportement, épuisant ainsi les ressources destinées à l'intervention scolaire.

Elle a en outre souligné les déclarations des autorités suggérant que l'heure et demie obligatoire de soutien pédagogique fournie par chaque enseignant pourrait devoir être convertie en temps d'enseignement direct simplement pour faciliter l'organisation scolaire de base.

"Si vous avez deux petits groupes parallèles, vous avez besoin de plus de ressources pour eux", a expliqué Mme Damé.

Selon le SEW, une approche plus efficace consisterait à enseigner l'allemand comme langue étrangère, une stratégie qui, selon eux, ne nécessiterait pas l'embauche d'enseignants supplémentaires, mais impliquerait simplement d'adapter le matériel pédagogique existant.

Enfin, le syndicat des enseignants a regretté que le ministère n'ait pas encore pleinement pris en compte l'impact à long terme du projet, en particulier les effets du programme Alpha sur l'enseignement secondaire.