Cela fait 50 ans que le projet Nordstad est évoqué. Pendant ce temps, deux communes sur six se sont retirées, il y a eu conflit sur l'argent et à présent, un deuxième référendum s'annonce.

Le projet de fusion Nordstad a une nouvelle fois fait les gros titres ces dernières semaines. D'abord, le conseil communal d'Erpeldange n'a pas pu se mettre d'accord lundi dernier sur sa participation à la poursuite des négociations, avant de décider mercredi qu'un référendum sera organisé sur la question à la fin de l'année. La suite semble actuellement très incertaine. Une chose est sûre, c'est que le projet a déjà suscité bien des rebondissements au fil des années voire des décennies.

C'est en 1973 que le haut fonctionnaire Adrien Ries a utilisé pour la première fois le terme "Nordstad" dans un discours. Depuis, il est considéré comme synonyme de la région autour de Diekirch et d'Ettelbruck, plus précisément des communes de Bettendorf, Colmar-Berg, Diekirch, Ettelbruck, Erpeldange et Schieren. L'idée d'Adrien Ries était de créer un contrepoint à Luxembourg-ville dans le Centre et à Esch-sur-Alzette dans le Sud du pays

Colmar-Berg se retire pour une question de circonscription électorale

Si la Nordstad s'est urbanisée de plus en plus ces dernières décennies, une fusion politique s'est avérée plus difficile. Ce n'est qu'en 2018 que le projet de fusion a véritablement pris son envol. Cependant, Colmar-Berg n'y a plus adhéré du tout. Le bourgmestre de l'époque, Christian Miny, expliquait cette décision ainsi:

"Il y a d'une part la contrainte que nous sommes dans des circonscriptions électorales différentes, qu'en tant que Colmar, nous sommes administrativement considérés comme étant dans le Centre et toutes les autres communes de la Nordstad sont dans le Nord. Et d'autre part, nous pensons qu'il est trop tôt pour une fusion, car en fait, dans notre commune, nous sommes relativement bien équipés en matière d'infrastructures."

Les communes de la Nordstad réclament 120 millions d'euros à l'Etat

Le nord de la Nordstad est donc resté entre soi et a entamé des discussions exploratoires mi-2019. Les communes étaient d'accord sur un point: elles souhaitaient obtenir de l'Etat une subvention de 5.000 euros par habitant, ce qui aurait représenté près de 120 millions d'euros à l'époque. Cependant, la ministre de l'Intérieur d'alors, Taina Bofferding, avait clairement rejeté cette proposition mi-2021: 
 
"Il s'agit effectivement d'un montant extrêmement élevé, bien supérieur à ce que nous pouvons actuellement payer, à ce que nous avons dans le système, et nous devons bien sûr continuer à surveiller la situation financière. Même si les tendances sont positives, nous ne sommes pas encore en mesure de faire de grandes promesses."

En 2024, l'État a fait un geste en direction des communes en décidant que Diekirch, Ettelbruck et Erpeldange obtiendraient le statut de centre national de développement et d‘attraction à partir de 2025, et bénéficieraient ainsi d'une subvention supplémentaire de 25% par habitant. Bettendorf et Schieren ne devaient obtenir ce statut qu'en cas de fusion, c'est-à-dire à partir de 2029. Cependant, le conseil communal de Bettendorf a jugé que c'était trop long et a exigé que le statut soit accordé plus tôt. Le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden a refusé, et Bettendorf s'est retiré des négociations.

Référendum à Bettendorf: une majorité en faveur des négociations de fusion

Pour protester contre ce retrait, une initiative citoyenne a été lancée à Bettendorf, qui a finalement conduit à l'organisation d'un référendum. Fin mars 2025, une majorité de citoyens s'est prononcée en faveur de la poursuite des négociations de fusion. Le conseil communal a alors proposé aux quatre autres communes de la Nordstad de reprendre les négociations, mais ces dernières voulaient d'abord que Bettendorf s'engage clairement en faveur de la fusion. Une condition qui n'a pas été bien accueillie, comme l'avait expliqué le bourgmestre de Bettendorf, Patrick Mergen, fin avril:

"Lorsque nous avons reçu cette réponse, nous l'avons relativement regretté. Et je dois vraiment dire que si l'un ou l'autre était prêt à s'adapter à la volonté des électeurs au départ, lorsque cette réponse est arrivée, ça a changé."

 

A Burden, une initiative citoyenne s'oppose à une éolienne

Une fois Bettendorf retirée du projet, les quatre autres communes de la Nordstad voulaient décider de poursuivre à quatre. Mais elles sont désormais entraînées dans un vieux conflit concernant une éolienne près de Burden. Celle-ci doit être construite par la société Nordenergie, à laquelle participent également les communes de Diekirch et d'Ettelbruck, près du village de Burden, qui fait partie d'Erpeldange. Une initiative citoyenne s'oppose à sa construction depuis plusieurs années. Finalement, fin 2025, les citoyens d'Erpeldange devront décider s'ils poursuivent ou non les négociations de fusion. Si une majorité s'y oppose, l'idée d'une Nordstad en tant qu'entité politique, 52 ans après le discours d'Adrien Ries, pourrait bien être enterrée pour longtemps.
En revanche, si lors du référendum à Erpeldange, une majorité se prononce en faveur de la poursuite des négociations de fusion, il ne s'agira pas du dernier référendum. Dans ce cas, les citoyens de Diekirch, Ettelbruck, Erpeldange et Schieren se prononceront définitivement sur la fusion en 2027.