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Le procès d'un ancien assistant social accusé d'abus et de harcèlement sexuels dans neuf affaires, a débuté mardi devant le tribunal d'arrondissement de Luxembourg.
Le prévenu, qui travaillait à l'Office social d'une grande ville du sud du pays, est poursuivi pour avoir harcelé sexuellement des femmes dont il traitait le dossier. Un viol est évoqué dans l'une des affaires. Mardi, lors de la première audience, des victimes présumées et d'anciens collaborateurs de l'accusé ont témoigné devant le tribunal d'arrondissement de Luxembourg. Un enquêteur de la police judiciaire et un expert en neuropsychiatrie ont également été entendus.
Les faits remontent à la période 2010-2019. Dans toutes les affaires, le scénario est quasiment toujours identique. Une femme en situation précaire s'adresse à l'Office social pour demander une aide financière. Lors de la première rencontre dans le bureau du prévenu, âgé aujourd'hui de 57 ans, tout se déroule normalement. Il est décrit par les personnes concernées comme gentil et sympathique, "un peu trop gentil" toutefois. Assez rapidement, l'homme, marié et père de famille, proposait aux femmes qui ont témoigné mardi, de le tutoyer. Pour se dire bonjour et au revoir, c'était souvent une bise sur la joue. Les concernées utilisent les mots "trop proche", "désagréable" pour décrire la situation.
Pour certaines femmes, c'est allé plus loin que la bise. Celui qui était encore assistant social à l'époque avait tenté de les embrasser sur la bouche ou de les toucher dans son bureau. Il était aussi allé sonner à leur porte sans s'être annoncé. L'accusé affirme qu'il rendait visite à ses clientes pour vérifier si tout était en ordre dans leur logement social et qu'elles respectaient toutes les règles. Interrogée par le juge, une ancienne collègue a confirmé qu'il était normal de faire des visites au domicile. Le prévenu aurait toutefois effectué nettement plus de visites que les autres employés du même service.
Pendant plus de quatre mois, l'accusé avait écrit régulièrement à une cliente, a expliqué au tribunal un enquêteur de la police judiciaire. Les échanges avaient été relativement unilatéraux. L'accusé avait demandé à la femme de lui envoyer des photos d'elle nue. Il avait également insisté pour se rendre à son domicile. Une fois, il s'était effectivement rendu chez elle et il y avait eu rapport sexuel. La femme dit avoir été sexuellement abusée par lui. L'accusé nie, affirmant qu'elle était consentante.
Progressivement la rumeur s'était amplifiée, tant à l'Office social qu'à la mairie. Une victime présumée a déclaré au tribunal qu'elle avait parlé de son cas au bourgmestre en personne. Mais ce dernier n'avait pas réagi. Les cas s'étant multipliés et des collaborateurs de l'Office social ayant informé le collège des bourgmestre et échevins, l'accusé avait été suspendu. Une enquête avait été lancée en janvier 2020 à la demande du parquet. Il y a trois ans, l'homme avait été révoqué par le Conseil de discipline. Il a aujourd'hui un autre emploi dans le domaine social dans une autre commune.
Mardi, l'accusé a répété à plusieurs reprises avoir commis de très nombreuses erreurs. Il n'avait cependant jamais forcé ni menacé personne, selon lui. Il pensait que c’était aussi ce que voulait l’autre partie et il n’était plus vraiment conscient de son autorité. Il avait beaucoup travaillé sur lui-même au cours des six dernières années et beaucoup parlé avec des thérapeutes et avec son épouse.
Le procès se poursuivra mercredi à 15h00 avec notamment une série de témoignages de victimes.