
L'homme a été condamné à 13 ans de prison, dont huit avec sursis. Un appel ayant été interjeté, le jugement n'est pas encore définitif.
Pendant 10 ans au moins, le père de famille, qui a longtemps travaillé dans le milieu du théâtre, a visionné et produit lui-même des photos et des vidéos pédopornographiques. Sa fille, ainsi que deux de ses amies, ont également été victimes de cet homme.
Il a été condamné pour attentat à la pudeur, exploitation sexuelle d'enfants, production et diffusion de contenus pédopornographiques ainsi que détention de contenus illégaux.
Le point de départ de l'enquête fut une information d'Europol le 21 août 2019, selon laquelle 72 fichiers à contenu pédocriminel avaient été téléchargés depuis le compte de l'accusé sur Internet. Les images montraient principalement des fillettes de moins de 10 ans nues, les jambes écartées. Certains enregistrements montraient des mineurs se livrant à des actes sexuels.
Environ 10 mois plus tard, le 9 juillet 2020, une perquisition était effectuée au domicile de celui qui n'était alors qu'un suspect. Ce jour-là, il a déclaré ne pas avoir de fantasmes sexuels lorsqu'il voyait des mineurs et n'avoir aucune photo de mineurs nus, selon les explications qui figurent dans le jugement. Plus de 23.000 fichiers ont été trouvés par la suite, montrant de la pédopornographie ou des contenus sexualisés.
Environ 10.000 photos et plus de 600 vidéos montrent des mineurs âgés de 1 à 16 ans violés par des adultes, qui ont des rapports sexuels entre eux ou se filment pendant des actes sexuels. D'autres photos montrent des mineurs âgés de 3 à 16 ans posant en bikini ou en sous-vêtements. Sa fille apparaît nue sur 1.500 photos. Dans certains cas, les parties génitales de l’accusé sont visibles sur la photo. Des milliers de messages et de conversations documentent ses échanges avec d’autres pédocriminels. Il s'y vante de ses penchants et partage des photos de sa fille mineure.
Les premières séries de photos relevant de l'abus de mineurs remontent à mai 2013. On estime cependant que les faits se sont prolongés sur une période allant de 2010 à 2020, donc jusqu'au moment de la perquisition.
Une enquête a été menée entre 2020 et 2023 et les enregistrements saisis ont été analysés. La fille et l'épouse du prévenu ont été entendues le 23 mars 2023. Elles n'ont pas chargé davantage l'accusé. La mère a parlé de certaines photos comme de photos de famille normales. Lors de certains actes sexuels entre elle et son mari, l'enfant se trouvait même à proximité, par exemple en regardant un film sur un téléphone portable.
Le 12 juin 2024, la chambre du conseil a renvoyé l’affaire devant la chambre criminelle. Le procès a eu lieu entre le 25 et le 27 février 2025 et le verdict de première instance a été rendu le 27 mars. Le jugement précise encore que l'accusé suit un traitement psychiatrique depuis trois ans et qu'il a reconnu la majorité des accusations.
Faille dans le système judiciaire
C'est un communiqué de la Theater Federatioun publié mardi qui a révélé l'affaire au grand public. Elle y décrit son "effroi" après avoir "appris les agissements pédocriminels" de son ex-administrateur et affirme n'en avoir rien su jusqu'à tout récemment. Le conseil d'administration du Théâtre des Casemates réagit de la même manière. Ses membres condamnent fermement les actes de leur ancien membre et soulignent que les faits se sont limités à la sphère privée et n'ont aucun lien avec ses activités dans le domaine culturel.
Lundi, le conseil d'administration du Théâtre des Casemates a décidé de rompre avec l'accusé et de lui interdire l'accès au théâtre. Il se dit toutefois aussi choqué qu’aucune mesure de protection ou d’information n’ait été prise depuis l’alerte d’Europol ou au moins depuis la perquisition, même pas auprès des structures culturelles qui travaillent pour et avec les enfants, même si ce n'est pas le cas du Théâtre des Casemates. Le conseil d'administration y voit une faille dans le système judiciaire luxembourgeois.