Clarence SA – une joint-venture de LuxConnect et Proximus Luxembourg – a signé jeudi un partenariat avec l'Etat luxembourgeois en vue de l'exploitation d'un cloud souverain déconnecté.

Le gouvernement et les administrations pourront recourir à ce nouveau service à des fins innovantes via le Centre des technologies de l'information de l'État (CTIE). Clarence propose en effet une solution de cloud sécurisé et déconnecté d'Internet, où des données sensibles peuvent être stockées et utilisées. 
 
Le sujet est un peu abstrait, mais intéressant et certainement pas sans importance. Car il s'agit de données, et elles ont une valeur parce qu'elles peuvent être utilisées comme matière première pour toutes sortes d'applications. Un cloud est - en résumant fort - un réseau de serveurs. Un cloud souverain signifie que le réseau est déconnecté d'Internet. En période d’instabilité géopolitique, mais aussi de cyberattaques et d’exploitation abusive des données, il est normal que des États veuillent sécuriser leurs infrastructures numériques et leurs données. Mais aussi "ne pas rater le train", selon la ministre de la Digitalisation, Stéphanie Obertin.

L'Etat, précisément le CTIE, le Centre des technologies de l'information de l'État, dispose déjà depuis 2016 de govcloud. Avec Clarence, il ne s'agira pas de transférer toutes les données ou tous les serveurs. "C'est une autre finalité", selon la ministre. Il s’agit de "croiser" des données dans un environnement sécurisé et de les traiter avec de nouvelles technologies telles que l’Intelligence Artificielle.
 
Avec le cloud de Clarence, la sécurité ou la souveraineté a aussi deux dimensions, selon le directeur de Luxconnect, Paul Konsbrück. Les données sont stockées au Luxembourg et il n'y a aucun lien avec Internet ou avec le fournisseur de technologie, qui est dans ce cas Google. De plus, avec le Luxembourg comme siège, il y a l'avantage de la juridiction.
 
Pour pouvoir avoir recours au cloud Clarence, l'État a prévu une enveloppe pouvant aller jusqu'à deux millions d'euros par an. "Jusqu'à" parce que cela dépend du niveau d'utilisation du cloud. L'enveloppe serait toutefois aussi modulable vers le haut, selon Stéphanie Obertin. L'État luxembourgeois est l'unique actionnaire de Luxconnect. En ce qui concerne Proximus, l'État belge détient plus de la moitié des parts de la société.
 
Quelles instances de l'Etat utiliseront Clarence? Un journaliste a demandé: la défense, la police ou la justice? Le directeur du CTIE, Patrick Houtsch a dit que ce serait à ces administrations de choisir. Il faudra leur demander. Clarence a déjà un client: c'est la CSSF, la Commission de surveillance du secteur financier.