Lundi dernier, l'eurodéputé Fernand Kartheiser voulait tenir son discours en luxembourgeois au Parlement européen. Une tentative ratée.

Luc Frieden a finalement pris position vendredi dernier par rapport au luxembourgeois en tant que langue européenne. Il a déclaré lors d'un briefing à la presse que "le gouvernement est très attaché à la langue luxembourgeoise et qu'elle n'appartient pas à un seul parti. C'est notre langue à tous, c'est pour cette raison qu'elle fait partie de la Constitution et qu'elle est utilisée".

Pour le Premier ministre, le multilinguisme est une force pour le Luxembourg et que nous avons tous la capacité de nous faire comprendre dans une autre langue utilisée à l'étranger: "nous pensons qu'il serait donc compliqué et très onéreux de tout traduire oralement et de manière écrite dans les institutions européennes. Nous sommes d'avis que cela n'est pas réaliste".

Afin de renforcer la langue luxembourgeoise sur le plan national ainsi qu'au niveau européen, le gouvernement a mis en place un comité interministériel depuis vendredi dernier. Cette structure devra soutenir le commissaire à la langue luxembourgeoise auprès du plan d'action luxembourgeois, ce qui était d'ailleurs déjà prévu par les autorités.

Le gouvernement a également déclaré plancher sur une aide aux personnes souhaitant envoyer un courrier à la Commission européenne qui ne maîtrisent ni l'allemand, ni le français.

Les initiatives de "défense du luxembourgeois"

Ces discussions font suite à la tentative de Fernand Kartheiser, eurodéputé ADR, de tenir son discours en luxembourgeois au sein du Parlement européen. Comme prévu, son micro a rapidement été coupé car le luxembourgeois n'est pas reconnu comme langue officielle de l'UE. C'est exactement ce qui est demandé par l'ADR qui se positionne comme "défenseur de notre langue".

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Ce n'est pas la première fois qu'une personnalité politique luxembourgeoise tente de faire valoir la langue du pays devant le Parlement européen. En octobre 2005, il y a donc pile 19 ans, Erna Hennicot-Schoepges (CSV) avait déclaré, en français: "le luxembourgeois est notre langue nationale depuis 1984. La reconnaissance du luxembourgeois devrait être davantage soutenue car de nombreuses personnes ne sont même pas au courant que nous possédons notre propre langue, dont le contenu nous a valu une forte répression durant l'occupation nazie".

Claude Meisch, le ministre de l'Éducation, avait déclaré en 2016 que le luxembourgeois était la seule langue nationale à ne pas être reconnue comme langue officielle de l'UE: "nous nous réduisons à un niveau de langue régionale ou de langue minoritaire, ce que le luxembourgeois n'est plus depuis 1984. Il faudrait adapter cela à la réalité, sans que des pages et des pages doivent être traduites pour rien".