Lundi soir, l'eurodéputé luxembourgeois Fernand Kartheiser a débuté son intervention devant le Parlement européen en s'exprimant en langue luxembourgeoise. Il a été immédiatement interrompu, le luxembourgeois ne faisant pas partie des langues officielles de l'UE.

Le luxembourgeois deviendra-t-il, un jour, une langue officielle de l'UE ? Le député Fernand Kartheiser (ADR au Luxembourg et Conservateurs et réformistes européens au Parlement) a remis le débat au centre de l'attention lundi soir. Ils participaient alors à une séance du Parlement européen sur la protection des consommateurs et la lutte contre la concurrence déloyale.

Après que les différents groupes eurent présenté leur position, le Commissaire européen compétent en cette matière, Didier Reynders, a pu réagir. Cette intervention fut suivie de brèves prises de parole d'une minute de plusieurs députés sur divers thèmes.

Côté luxembourgeois, l'intervention d'un eurodéputé en particulier était attendue avec intérêt, moins pour une question de contenu que de forme. Fernand Kartheiser, avait en effet annoncé vouloir s'exprimer en luxembourgeois au Parlement et c'est ce qu'il a fait, bien qu'il ne s'agisse pas de l'une des langues officielles de l'Union européenne:

"Merci beaucoup, Monsieur le Président. En tant que langue nationale d’un pays membre de notre Union, le luxembourgeois a droit à un statut à ce niveau élevé comme toutes…", a commencé le député, avant que le président de la séance n'intervienne: "Cher collègue, cher collègue, pardon, je dois vous interrompre, vous devez utiliser l'une des langues officielles de ce Parlement pour prendre la parole. Ce sont les règles du Parlement."

RTL

Fernand Kartheiser n'a pas voulu s'avouer vaincu et a fait savoir en anglais qu'il souhaitait quand même s'exprimer en luxembourgeois, en demandant les mêmes droits pour le peuple luxembourgeois que pour tous les autres au Parlement, et en indiquant qu'il souhaitait obtenir l'autorisation de poursuivre en luxembourgeois.

L'eurodéputé a alors voulu reprendre son propos en luxembourgeois, mais il a une nouvelle fois été rappelé à l'ordre et invité à choisir une langue officielle de l'UE. Comme il venait de s'exprimer parfaitement en anglais, il pouvait poursuivre en anglais, a souligné le vice-président du Parlement, Esteban González Pons, qui présidait la séance lundi soir.

C'est ce qu'a alors fait Fernand Kartheiser, qui a indiqué dans une sorte de résumé que, comme les autres langues, sa langue devait obtenir un statut au Parlement, qu'elle ne devait pas continuer à être discriminée par le Parlement et que trois des pères fondateurs de l'Union, Robert Schuman, Konrad Adenauer et Joseph Bech, parlaient luxembourgeois. Il a conclu en affirmant sa volonté que cette langue soit reconnue par le Parlement européen.

RTL

Cette interlude a duré une minute trente.

Les interprètes avaient annoncé dès le début de la prise de parole de Fernand Kartheiser que celle-ci ne pourrait pas être traduite car elle serait tenue dans une langue non-officielle de l'UE.

Le sujet de l'allocution était le luxembourgeois: "Utilisation de la langue luxembourgeoise au sein du Parlement européen".

Fernand Kartheiser propose une adaptation des procédures au Parlement européen  

Après l’interruption de sa prise de parole en luxembourgeois, l'eurodéputé suggère une adaptation des procédures au Parlement européen. Dans un courrier adressé à la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, Fernand Kartheiser demande que les règles 174 et 210 du Parlement européen soient adaptées.

La règle 174 prescrit concrètement que "tous les documents doivent être rédigés dans les langues officielles au Parlement". Fernand Kartheiser propose un ajout au point 2 de cette règle, qui fixe que seules les langues officiellement reconnues peuvent être parlées et traduites simultanément. Cet ajout prévoit que tout membre du Parlement puisse s’exprimer dans sa langue nationale, pour autant que celle-ci soit reconnue dans la Constitution de son pays, même si cette langue n’est pas l’une des langues officielles du Parlement.

L'eurodéputé ADR suggère en outre que dans ce cas, le discours soit transmis dans une langue officielle du Parlement européen au service de traduction, afin que le discours puisse être traduit pour tous les membres du Parlement.

L'article 210 concerne le compte-rendu écrit de tout ce qui se dit au Parlement. Dans ce cas aussi, Fernand Kartheiser suggère d’accepter un discours dans une langue nationale reconnue par la Constitution du pays, même si cette langue n'est pas une langue officielle du Parlement européen.

Cette partie figurerait alors une fois dans la langue nationale et une fois en traduction dans le compte-rendu écrit. L’auteur devrait lui-même soumettre la traduction du discours, ainsi il serait aussi responsable du contenu, indique l’eurodéputé dans sa lettre à la Présidente du Parlement.