Il y a deux ans, à Niederkorn, une querelle de voisinage avait connu une issue fatale. Le responsable comparaît depuis cette semaine devant le tribunal, pour meurtres.

Le 17 octobre 2022, un homme alors âgé de 74 ans, armé d'un fusil de chasse, abattait un couple en pleine rue à Niederkorn. Les faits se sont déroulés dans la rue des Trévires, où habitaient le tireur et les victimes, ses voisins, une femme de 62 ans et un homme de 54 ans. Il appartient à présent aux juges de déterminer comment une querelle de voisinage a pu dégénérer en double homicide et si les faits étaient prémédités.  
 
Mardi, l'accusé, âgé aujourd'hui de 76 ans, a déclaré devant la Cour que ses voisins ne le laissaient pas vivre, rapporte le Luxemburger Wort. Il aurait souffert à cause de ce couple cinq années durant. Le matin du 17 octobre 2022, il se serait dit: "C'est eux ou moi". Il est allé chercher son fusil au grenier et l'a dissimulé dans une poubelle dans son allée. Ensuite il s'est mis à nettoyer ses escaliers, jusqu'à ce que ses voisins sortent de chez eux. Il leur a alors tiré dessus en pleine rue. Après les avoir blessés, il a encore tiré un coup à bout portant. Ensuite il a scié son fusil et a continué à nettoyer ses escaliers. Une demi-heure plus tard, la police a procédé à son interpellation sans qu'il oppose de résistance.

"J'ai enduré cela pendant 18 mois, puis je suis partie"

Au deuxième jour d'audience, plusieurs témoins ont été entendus, entre autres, des jeunes qui ont habité dans le même duplex en dessous de l'appartement des deux victimes. Elles ont témoigné avoir été constamment harcelées par leurs voisins. "J'ai enduré cela pendant 18 mois, puis je suis partie“, a déclaré une jeune femme. Elle ne veut pas approuver la réaction de l’accusé, mais elle peut s'imaginer comment on en arrive là. Une autre femme a témoigné: "C'est seulement à cause d'eux que j'ai vendu l'appartement. Au bout d'un an, j'en avais tellement assez." Les deux femmes ont évoqué des rapports de voisinage rugueux, une voisine qui contrôlait tout et qui était constamment à la porte. En revanche, le couple ne voulait pas payer correctement ses factures. Selon l'expert de la police, d'autres membres du voisinage ont déclaré que le couple répandait des punaises dans la rue, là où des enfants roulaient à vélo. Ou qu'il renvoyait la balle, qui avait atterri sur leur terrain, dans la rue après l'avoir crevée.  
 
L'expert de la police a ensuite confirmé le tableau dressé la veille par l'accusé lui-même à propos de divers incidents. Il existait bien un émetteur destiné à perturber le signal de la porte du garage de l'accusé, tout comme une caméra dirigée vers son terrain. Une fois, le prévenu avait appelé la police parce que les tomates de son jardin avaient été aspergées de sel ou d'une autre substance pour les détruire. Ce n'était pas la première fois que la police se rendait sur place. Des courriers de réclamation étaient aussi adressés en permanence aux voisins.

En analysant un ordinateur portable, la police a pu prouver que l'accusé, comme il l'avait déclaré, cherchait une nouvelle maison. Lui et sa femme voulaient vendre leur habitation à Niederkorn et déménager au Portugal. Un agent immobilier avait même déjà été contacté. 
 
L'expert psychiatre n’a décelé aucune maladie mentale chez l’accusé. Il aurait agi comme s'il était en plein délire, mais il n'était pas dans un tel état, car il savait exactement ce qu'il faisait. Quand l'accusé évoque les faits, il le fait presque comme un avocat, tout en gesticulant aussi.

Lors de l'enquête de police, l'épouse de l'accusé avait déclaré que son mari pouvait rapidement exploser s'il était provoqué. Mais il se calmait rapidement. Ce n'était pas une mauvaise personne et elle n'avait rien vu  venir du drame. Une de ses filles a souligné que son père était impulsif, mais pas agressif.

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