
© Domingos Oliveira / RTL
Des voisins ont vu comment un habitant de leur rue a abattu ses deux voisins mitoyens devant sa porte. Témoins ce lundi du double homicide de Niederkorn, ils racontent l'impassibilité du tireur, mais aussi les soucis de voisinage.
De la terrible fusillade qui a coûté la vie lundi à deux riverains de la rue des Trévires à Niederkorn, une femme de 62 ans et son mari de 54 ans, il ne reste que quelques croix blanches. Elles sont tracées à même le bitume de la rue et à cheval entre une place de parking et le trottoir. Lorsque les policiers sont arrivés, les deux corps gisaient à moins de quatre mètres l'un de l'autre. Juste devant le domicile du tireur présumé, leur voisin âgé de 74 ans qui sera déféré ce mardi matin devant un juge d'instruction.
"Le tireur a d'abord tiré sur le mari et la femme s'est enfuie de l'autre côté", déduit Paula (nom d'emprunt), une voisine qui habite quelques maisons plus haut dans la rue des Trévires. Ce qu'elle pensait être un "vacarme de poubelles" quand s'opère la collecte des déchets était en réalité des coups de feu. Le drame s'est déroulé "sous ses yeux", alors qu'elle "était en train de prier dans le salon". Elle a assisté à une bonne partie de la scène depuis sa fenêtre.
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"Il y a eu trois coups: un pour le Monsieur. Et deux pour la Madame", témoigne Marco, le voisin qui vit "depuis vingt ans", en face du tireur présumé. De retour chez lui après avoir été prendre son journal dans sa boîte aux lettres et avoir salué son voisin -avec lequel il "s'est toujours bien entendu"- Marco tilte quand il entend le premier coup de feu. Son oreille d'ancien militaire ne le trompe pas.
Au deuxième coup de feu, le retraité est "directement sorti" et a vu le mari de 54 ans, "couché là", sur la route, devant sa descente d'entrée de garage. À ce moment-là, "j'ai vu le troisième coup quand il a tiré une 2e fois sur la femme à bout portant !"
Paula voit la dame qui tente de fuir et "a vu le tireur charger son fusil avec une grosse cartouche rouge. Et il a tiré sur la femme". Elle a aussitôt "appelé la police qui m'a dit de ne pas sortir". En bas dans la rue, est arrivé un riverain qui a interpellé le tireur de 74 ans et il lui a crié: "Monsieur, vous pouvez expliquer ce que vous faites ?"
Les deux témoins sont alors tous deux effarés par la scène irréelle qui va suivre. "Le tireur est parti normalement chez lui, comme s'il n'avait rien fait et il a pris une serpillère pour nettoyer les trois marches devant chez lui", raconte Paula.
"IL A CONTINUÉ À BALAYER"
Marco a vu un homme "qui a simplement continué à balayer alors que les deux corps étaient là, au sol. Ensuite il est revenu avec une balayette. Ce n'est pas normal !", commente le retraité.
Les deux témoins décrivent ensuite, avec leurs mots, comment l'homme a été appréhendé par des policiers de l'Unité spéciale de la Police qui étaient en faction, attendant qu'il ressorte de son garage dont la porte était restée grande ouverte. "Il s'est livré lui-même à la police. Il est sorti. Il a levé les bras. Les policiers ont sauté dessus à cinq et lui ont passé les menottes. Et c'était fini", résume Marco. Paula a vu qu'en levant les bras "il tenait son balais".
C'est presque tout au bout de l'impasse de la rue des Trévires que s'est joué ce drame qui pourrait avoir comme origine un long différend de voisinage entre le tireur présumé qui vit avec son épouse et le couple qui vivait au 2e étage de la maison mitoyenne.
"Ils avaient des conflits", résume simplement Paula qui ne s'étend pas sur le sujet. Marco reconnaît qu' "il y a eu des difficultés" entre ces voisins. De son avis, son voisin de 74 ans "était toujours sympa". Les deux autres "faisaient du bruit et des bêtises" et il balaie la question d'un geste de la main.
Dans la rue des Trévires d'ordinaire très calme, le train passe à l'arrière des maisons. Un enfant s'aère les idées sur son vélo. Les policiers sont toujours devant la porte des deux victimes. L'ambiance est pesante malgré une fin de journée quasi printanière.