
L’annonce de la première baisse des taux d’intérêt depuis 2019 début juin a logiquement été accueillie comme une bonne nouvelle. Pas seulement pour ce qu’elle implique en termes de crédits immobiliers mais également parce qu’elle signifie que l’inflation a bel et bien fini par baisser en Europe.
S’en sont suivies des déclarations particulièrement surprenantes du président de la Banque Centrale du Luxembourg qui comptait sur deux baisses supplémentaires des taux en 2024 puis trois ou quatre l’année suivante. Des prévisions tempérées par le chef économiste de la Spuerkeess, William Telkes, le lendemain sur nos ondes.
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Si ces baisses venaient à se concrétiser, cela pourrait signifier un regain significatif du pouvoir d’achat des ménages. Il convient de rappeler que lors de l’annonce de la baisse de ses taux directeurs, Christine Lagarde a insisté sur le fait que la BCE ne s’engageait “pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière”. Pas que cela ait empêché les économistes d’y mettre leur grain de sel.
Alors si baisse des taux il y a, la prochaine fenêtre devrait être, d’après les experts du secteur financier, celle du mois de septembre. Mais serait-ce vraiment une bonne nouvelle? Si l’effet d’une nouvelle baisse de 0,25% doit être relativisé, que dire d’une seconde dans la foulée? Puis “trois ou quatre” en 2025?

Les crédits immobiliers resteraient “chers” comparé à ce que l’on a pu connaître entre 2017 et 2022 mais ils deviendraient bien plus accessibles qu’en 2023. Et comme l’évoque l’économiste de la fondation Idea, Michel-Edouard Ruben, dans un document publié mercredi, on constate un certain attentisme sur le marché de l’immobilier luxembourgeois.
“Tout semble se passer comme si, au-delà des cessions impérieuses (pour cause de crédit relais, de séparation, de déménagement, de risque de crise de liquidité imminente), les détenteurs de biens à vendre (particuliers comme promoteurs) attendaient (espéraient?), la reconstitution du pouvoir d’achat immobilier”, peut-on lire dans ce document.
Cela par le biais de la baisse annoncée des taux d’intérêt mais pas seulement. En effet, le gouvernement luxembourgeois a déployé un paquet de mesures qui devrait solvabiliser de nombreux ménages. Une aubaine pour les promoteurs et les propriétaires qui ont refusé de baisser leurs prix durant la crise.
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En plus de “figer les parcours résidentiels”, de mettre à mal le secteur de la construction, cet attentisme peut “porter en son sein un risque aigu de pénurie future”, écrit M. Ruben. Ajoutez à cela des baisses successives des taux d’intérêt et on pourrait avoir le cocktail parfait pour une nouvelle hausse abrupte des prix de l’immobilier au Luxembourg.