Au Luxembourg, Patrick Villar Meneses répare gratuitement les ordinateurs des gens depuis 16 ans. Aujourd'hui, on le connaît à travers sa page web "iHelef".

"Depuis le premier jour, c'était clair que j'allais proposer mes services gratuitement. Pourquoi fixer un prix si j'ai l'impression d'exercer un hobby?" À 29 ans, Patrick Villar Meneses est un geek pas tout à fait comme les autres. Installé à Mamer dans la maison familiale où vivent ses parents et sa sœur, on pourrait le qualifier de "réparateur d'ordinateur altruiste."

Ce portugo-luxembourgeois propose depuis 16 ans de réparer du matériel informatique sans faire payer la main-d'œuvre. Les clients ont juste à s'acquitter du prix des pièces de rechange, lorsque c'est nécessaire. "Voir les gens heureux en récupérant leur ordinateur, ça me rend heureux aussi" nous dit-il. Sa plateforme, "iHelef", est désormais connue au Grand-Duché. "Il y a des jours où je reçois 20 coups de téléphone, d'autres où je reçois des centaines de messages et d'emails" explique t-il.

Avec le temps, il a carrément aménagé un drive dans la petite pièce qui lui sert d'atelier: depuis la rue, les clients passent le matériel par la fenêtre et Patrick se sert d'un écran fixé à un support télescopique pour leur montrer l'état d'avancement de la réparation ou les pièces de rechange qu'il a trouvé sur le web. Pour leur éviter un déplacement inutile, il règle les problèmes basiques par téléphone.

Stupéfaits de ne rien avoir à payer, les clients le rétribuent chacun à leur manière. Parfois c'est un pourboire, parfois une boîte de chocolats. Parfois, le billet est aussi beaucoup plus gros que ce qu'aurait coûté la réparation dans un centre. Et quand c'est rien, "c'est bien aussi" nous répond Patrick. "Si les gens parlent de moi, ça me va." Sa récompense, c'est aussi de s'attaquer à de nouvelles pannes. "J'ai l'impression d'être un détective, j'apprends en même temps, c'est fun!"

iHelef, un jeu de mot et une faute d'orthographe

L'histoire derrière "iHelef" ne manque pas de charme. Patrick avait 13 ans quand il a commencé à "iAider" les petits camarades de son école... mais pas seulement. "Les professeurs avaient parfois des problèmes avec les lecteurs DVD" glisse-t-il. Il se souvient aussi de l'arrivée des premiers Iphones au Luxembourg. La disparition des claviers sur les téléphones portables en intriguait plus d'un. Lui voyait une nouvelle technologie à découvrir et à réparer.

Il a aussi très vite eu l'amour des tours d'ordinateurs originales, comme son "bateau", un modèle limité qui lui sert aujourd'hui de serveur. Ou la fameuse pyramide qu'il emmène à toutes les conventions et qu'il a lui-même reproduite une vingtaine de fois pour des clients.

Les demandes se multipliant, il a vite créé sa page "iHelef" afin de centraliser les demandes. Un jeu de mot (le "i" fait référence au monde informatique et au pronom anglais, qui signifie "je", et "hëllef" signifie "aide" en luxembourgeois) doublé d'une faute d'orthographe. Car "Hëllef" s'écrit avec deux L, "mais j'avais 13 ans, je faisais des fautes" explique-t-il en riant.

Pourquoi ne pas avoir rejoint une société d'informatique ou un magasin au Luxembourg ? "J'ai essayé" nous répond Patrick, "mais mon CV n'était pas assez convaincant, j'ai arrêté l'école assez tôt, je n'avais aucune expérience et mon français n'était pas terrible." 

Au fil des années, Patrick a démontré toute l'étendue de ses compétences en matière d'informatique. Il est même sur le point de commercialiser sa propre tour d'ordinateur "iHelef", dotée d'un écran en façade. Sa particularité, qui découle de toutes ces années de réparation d'ordinateur, est que tous les composants sont clipsables, donc démontables et réparables facilement. "J'aimais les LEGO étant enfant. Maintenant, je fais des LEGO pour adultes!" 

Une chose est sûre, que ce soit pour des boîtes de chocolat ou pas, il n'est pas prêt d'arrêter d'aider les gens. "La technologie évolue sans arrêt, c'est passionnant. Je suis prêt à rempiler pour 15 années de plus avec iHelef!"