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Deux femmes racontent leur vie de toxicomanes au Luxembourg, témoignages forts à l'Obrigado, l'institution d'aide aux personnes souffrant de toxicomanie au Luxembourg.
"J'ai déjà pensé à écrire une fois sur une pancarte: c'est plus facile de se prostituer que de poser un gobelet devant soi et mendier. Les passants détournent toujours les yeux et cependant, nous essayons juste de survivre. Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles une personne se retrouve dans la rue ou devient dépendante à la drogue." Tels sont les mots de Mélanie, qu'une équipe de RTL a rencontré au foyer Abrigado.
Avant, Mélanie était professeure. Cette Luxembourgeoise âgée de 43 ans vit actuellement dans la rue. Il y a quelques années, la mort de son mari l'a plongée dans une grave dépression. Elle a perdu son logement, son enfant a été placé. Mélanie a cherché du réconfort dans la drogue. Aujourd'hui, elle tente de maîtriser sa consommation de stupéfiants grâce à des médicaments de substitution. C'est loin d'être facile.
Tania (43 ans) est une autre habituée de l'Abrigado. Sa vie est marquée par l'addiction et la violence. Elle n'a pas eu de domicile fixe depuis des années. Pour le moment, elle dort à l'asile de nuit de l'Abrigado. Elles est clean depuis huit mois. Elle reçoit des médicaments de substitution le matin et le soir. Elle continue de lutter contre son addiction à l'alcool.
Dans le groupe réservé aux femmes, chaque lundi de 10h30 à 17h30 au premier étage de l'Abrigado, des femmes telles que Mélanie et Tania, trouvent un espace protégé, où, au moins pour quelques heures, elles peuvent se poser, manger quelque-chose, parler et tout simplement être une femme.
"Violence, viols, peur... toutes les toxicomanes qui viennent dans notre structure sont exposés à tous ces dangers. Elles doivent être extrêmement fortes pour survivre dans la rue, car elles sont en soi les plus vulnérables", explique Claudine Ponath, infirmière à l'Abrigado. Cette dernière gère avec Tanisia Lima et une autre collaboratrice le groupe pour femmes du lundi.
UN MILIEU DOMINE PAR LES HOMMES
Environ 85 femmes fréquentent chaque année l'Abrigado. Le milieu de la drogue au Luxembourg compte nettement plus d'hommes. Il serait dès lors d'autant plus important d'offrir aux femmes souffrant de problèmes d'addiction un endroit sûr, une "safe place", selon l'éducatrice graduée, Tanisia Lima.
"La réalité est en fait que les femmes ayant des problèmes de dépendance, non seulement à la drogue, mais aussi à l'alcool et aux médicaments, ne sont généralement pas acceptées dans les foyers pour femmes. C'est un problème majeur, pas uniquement au Luxembourg, mais aussi dans les pays limitrophes", précise la directrice de l'Abrigado, Claudia Allar.
Il serait par conséquent essentiel d'ouvrir une structure, qui accueille les femmes souffrant de tels problèmes. "Cela ne doit évidemment pas être un second Abrigado, mais une maison, où dans un premier temps, elles puissent, pendant la journée, se nourrir, se reposer et consommer dans des conditions hygiéniques. A un moment donné, cela devrait devenir une structure qui fonctionnerait 24 heures sur 24", selon Claudia Allar.
Un tel projet serait sur les rails, en collaboration avec la Ville de Luxembourg et les ministères concernés, mais aucune date n'a encore été mentionnée.
Le reportage de nos collègues de RTL en luxembourgeois: