La grève de lundi dernier a été bien suivie. Elle témoigne d’une grogne grandissante à l’encontre des réformes envisagées par le gouvernement.

À chaque ville son action et à chaque trimestre son combat. À chaque année serait-on tenté d’écrire car depuis presqu’une décennie, des voix se font entendre pour critiquer la réforme systémique appelée Pacte d’excellence et vendue comme un outil nécessaire pour mettre fin aux dérives du rénové qui multipliait les options alors que l’enseignement qualifiant était aussi pointé du doigt selon le pouvoir.

Le gouvernement Wallonie-Bruxelles est ainsi dans le collimateur du corps enseignant et des syndicats. Plusieurs réformes sont déjà actées, d’autres sont en train de faire naître des tensions qui se sont exprimées lundi dernier dans la rue. "Cette journée n’est pas une journée de congé pour les travailleuses et les travailleurs du secteur, mais une journée de mobilisation contre les mesures d’austérité qui frappent durement les élèves, les étudiants, les familles et s’attaquent de manière brutale aux conditions de travail déjà fortement dégradées", ont dénoncé en chœur les syndicats des enseignants.

Deux heures de plus qui ne passent pas

Les derniers griefs épinglés par les enseignants portent sur l’atteinte à la gratuité scolaire, le régime de fins de carrière des enseignants, les fins de nominations prévues pour 2027 ou encore les deux heures de plus à prester face à une classe pour les professeurs du secondaire supérieur, sans être payés plus.

En toile de fond de cette vague de contestation, c’est bien sûr l’argent qui se retrouve au centre des débats. Le 10 octobre dernier, à l’issue de son conclave budgétaire, l’exécutif avait annoncé des mesures d’économies dans l’enseignement obligatoire dès l’an prochain pour un total de 86,7 millions d’euros.

"On subit ces réformes depuis des années", explique Florence, enseignante dans le secondaire à Bastogne. "Ce n’est plaisant pour personne de partir en croisade de la sorte mais on pense aux élèves ainsi qu’à celles et ceux qui voudront se lancer dans ce magnifique métier à l’avenir. Avec quelles perspectives ? Des profs vont perdre leur emploi, d’autres changeront d’orientation."

Athus, Virton, Neufchâteau: chaque ville a apporté sa pierre à l’édifice de ce ras-le-bol. Des piquets filtrants ont entravé l’entrée des écoles aux quatre coins de la Province de Luxembourg, des tracts ont été distribués et des cortèges se sont formés pour relier deux points sur fond de slogans, banderoles déployées.

En cette veille d’armistice, un très symbolique dépôt de gerbe "en raison de collègues disparus", a même eu lieu.

À Arlon, le corps enseignant s’est retrouvé sur la place Léopold pour former un immense SOS. A Marche-en-Famenne, c’est un mur construit à partir de copies corrigées qui a symbolisé le dialogue de sourd entre les différents acteurs. A Bastogne, une chaîne humaine a marqué les esprits, renvoyant une image de solidarité.

Les syndicats espèrent une forte mobilisation les 24, 25 et 26 novembre prochains.