
© Photo d'illustration / Henrique Campos / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
La cour d'assises de Nancy examine depuis ce vendredi un dossier lourd : celui du féminicide d'une quinquagénaire de Mont-Saint-Martin.
Accusé d'avoir assassiné son ancienne compagne dans un contexte de séparation en novembre 2020, un Belge de 72 ans, Urbain Lefèvre, est jugé aux assises à Nancy à partir de vendredi.
Le 17 novembre 2020, alors qu'il venait de se séparer de France Gérard, 54 ans, il est accusé de l'avoir tuée d'un coup de carabine, à son domicile de Mont-Saint-Martin, tout près des frontières belge et luxembourgeoise. Selon l'accusation, il aurait alors chargé le corps de la victime dans sa camionnette pour aller l'enterrer sur le terrain où il vivait dans une caravane, en forêt de Stockem (Belgique) à une vingtaine de kilomètres.
Poursuivi pour assassinat
Interrogé libre par les policiers, il a d'abord nié les faits, puis, en garde à vue, a raconté qu'il s'était rendu chez la victime "pour parler et se réconcilier", et qu'il l'avait tuée accidentellement, en trébuchant alors qu'il avait en main la carabine, munie d'un silencieux.
Devant le juge d'instruction, en avril 2023, il a de nouveau changé de version, niant être l'auteur du tir mortel et même avoir été présent à Mont-Saint-Martin ce matin-là.
Pour l'accusation, les faits d'assassinat sont acquis.
L'enquête a permis de mettre en évidence des résidus de poudre dans le hall d'entrée du domicile, désigné par l'accusé comme le lieu du tir, ainsi que du sang sur les habits qu'il portait le 16 novembre.
Plusieurs voisins ont également dit avoir aperçu la voiture d'Urbain Lefèvre, les jours précédant les faits, rôder aux abords du domicile de France Gérard, ainsi que le jour de sa disparition - quand bien même il avait pris soin de ne pas se garer dans sa rue.
Deux témoins ont confirmé l'existence d'un trou creusé a minima la veille à l'endroit où le corps de France Gérard a été enfoui. Enfin, l'accusation ne croit pas à la théorie de l'accident, Urbain Lefèvre étant un utilisateur aguerri de sa carabine, qu'il possédait depuis plus de vingt ans.
L'accusé a déjà été condamné en 2003 en Belgique pour des violences à l'encontre d'une ex-compagne.
Selon les témoignages de ses proches, France Gérard, qui était également de nationalité belge, craignait pour sa vie. Femme appréciée, elle était employée depuis des années au Centre public d'action sociale d'Arlon (Belgique) dans la distribution des repas.
Le procès doit durer jusqu'au vendredi 17 octobre inclus. Urbain Lefèvre encourt la réclusion criminelle à perpétuité.