Depuis le 25 juillet, le festival Enenvol rassemble des pilotes de montgolfières venus du monde entier à Chambley-Bussières, en Meurthe et Moselle. Nous avons suivi Claude et son équipe au plus grand rassemblement de ballons d'Europe.
Le réveil aux aurores pique un peu! Il faut dire que le rendez-vous avec Claude était pris juste après le briefing des pilotes qui avait lieu à 5 H 30 ce jeudi 31 juillet. Lorsque nous arrivons sur le site de Chambley-Bussières il fait encore nuit, mais toute l'équipe est déjà là. Claude, le pilote, Bernadette, la seule femme du groupe et les deux gros bras, Marc et Marc.
Première bonne nouvelle, on va pouvoir décoller, la direction des vols a donné son feu vert. "Ce n'est pas toujours le cas, parfois on se lève à l'aube, on fait la route depuis le Luxembourg, et arrivés ici, on ne peut pas voler à cause de la météo. Mais ça fait partie du jeu" nous glisse Claude. En tout cas, ce jeudi, on a de la chance, les vols sont autorisés. La barrière de la piste est ouverte et tous les pilotes se ruent sur leurs 4/4 pour trouver le meilleur endroit d'où décoller.
On se retrouve alors au milieu d'un ballet merveilleusement chorégraphié. Des dizaines d'équipes comme la notre déballent leur matériel, déroulent les toiles de leur ballon, assemblent les différents éléments et commencent à gonfler les enveloppes des montgolfières dans le jour naissant. Le tout ne prend pas plus d'un quart d'heure, et les premiers ballons multicolores s'élèvent déjà dans le ciel lorrain. Plus de 200 pilotes de 18 nationalités sont inscrits à ce nouveau festival, baptisé Enenvol, qui perpétue cette tradition à Chambley-Bussières en Meurthe-et-Moselle.
Dans notre équipe, chacun sait ce qu'il a à faire. Les gestes sont précis et en quelques minutes, le ballon aux couleurs d'Esch sur Alzette est prêt à s'envoler. Aujourd'hui, seule Bernadette aura la chance d'accompagner Claude dans la nacelle. Il a fallu faire une place au caméraman! Les deux Marc restent au sol et vont suivre le ballon en voiture.
Le vent les portera
Dans le ciel, malgré un temps gris, c'est une explosion de couleurs. Un ballon coccinelle, un loup, un autre en forme de tête de singe, en tout des dizaines de montgolfières prennent leur envol.
Pour Claude, qui compte déjà plus de 350 heures de vol, chaque sortie est unique. Le pilote doit garder un œil sur les instruments, l'altitude, le vent... "On profite un peu moins du vol que les passagers". Mais il a quand même le temps de goûter au spectacle de la campagne lorraine à l'aube, porté par le vent. "En montgolfière, on sait d'où on part, mais on ne sait jamais où on arrive" nous dit le pilote avec un sourire.
Et c'est pour ça qu'au sol, les deux Marc suivent en voiture et essayent de ne pas perdre le ballon des yeux pour être là à l'atterrissage. "C'est difficile, parfois il n'y a pas de route et il faut faire des détours, mais aujourd'hui on a des applications sur nos téléphones qui nous aident beaucoup" explique Marc.
À bord de la montgolfière, le vol se déroule sans histoire. Claude nous avoue que sa passion pour les ballons a commencé il y a 32 ans, lors d'un baptême au Luxembourg. Et pour l'anecdote, c'est un peu grâce à RTL. "J'ai fait mon premier dans le ballon RTL après avoir gagné un concours lancé par votre radio" nous explique Claude avant d'ajouter: "après ça, j'ai attrapé le virus, et j'ai passé ma licence de pilote en 2002".
Se poser, toujours une surprise...
Après une heure de vol, il faut commencer à chercher un endroit où se poser. "On essaye toujours de se poser dans un champ bien dégagé, où il n'y a pas de bêtes et où les cultures sont déjà récoltés" explique Claude. Il trouve l'endroit idéal et parvient à poser aussi délicatement que possible la montgolfière. "Il faut quand même bien se cramponner, ça secoue toujours un peu" dit-il au caméraman.
Une fois le ballon stabilisé, il dégonfle l'enveloppe et toute l'équipe s'affaire déjà au démontage de l'engin. Là encore, chacun sait ce qu'il a à faire et le tout ne prend pas plus d'un quart d'heure. À huit heures, on est déjà repartis vers la base de Chambley où les équipages peuvent recharger leur bouteilles de gaz. Il n'y a plus qu'à attendre ce soir et le prochain briefing des pilotes pour savoir si l'équipe pourra voler à nouveau.
Pendant l'interview, je demande à Claude de me décrire cette drôle de vie que celle d'aéronaute: "pour aimer ça il faut être passionné ou un peu fou" avant d'avouer qu'il est les deux.
En attendant, les ballons multicolores continuent d'émerveiller petits et grands dans le ciel lorrain, malgré des incertitudes et un combat judiciaire. Les rassemblements de montgolfières ont lieu un été sur deux depuis 1989, quand Philippe Buron Pilâtre, héritier du premier homme volant Jean-François Pilâtre de Rozier (1783), a créé l'événement devenu le Grand Est Mondial Air Ballons. Le nouveau festival Enenvol perpétue cette tradition à Chambley-Bussières jusqu'à dimanche 3 août.