"Il n'y aura pas d'augmentation des taxes sur le gaz", a assuré dimanche la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon, corrigeant une nouvelle fois une déclaration de la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher qui avait évoqué vendredi cette possibilité par voie d'amendement au projet de loi de finances.

Cette taxe "a doublé en début d'année dernière, elle a déjà augmenté", a argumenté Maud Bregeon, évoquant sur BFMTV un "arbitrage" du Premier ministre Michel Barnier sur cette question.

L'augmentation de cette taxe en janvier avait concrétisé la volonté du gouvernement de sortir du bouclier tarifaire mis en place pendant la crise énergétique à partir de fin 2021 pour éviter de trop fortes hausses des factures des consommateurs.

Vendredi, lors d'une conférence de presse, la ministre Agnès Pannier-Runacher avait indiqué que le gouvernement étudiait par voie d'amendement la possibilité d'augmenter la taxe sur le gaz.

"L'enjeu est également de travailler sur les niches brunes au travers de l'augmentation du malus automobile, au travers de la suppression du taux réduit de TVA à 5,5% sur l'installation de chaudières à énergies fossiles et enfin, par voie d'amendement gouvernemental, au travers d'une hausse de la fiscalité sur les billets d'avion et sur le gaz", avait déclaré la ministre vendredi lors de son point presse.

La ministre justifiait les hypothèses formulées par la nécessité selon elle de "donner des signaux de prix cohérents entre solutions carbonées et solutions décarbonées".

Mais les déclarations de la ministre ont été contredites dès le lendemain, samedi, par le ministre du Budget Laurent Saint-Martin, qui a dit ne pas y "être favorable".
Le projet de loi de finances présenté cette semaine "ne contient pas de hausse de fiscalité sur le gaz", a-t-il noté.

La ministre Agnès Pannier-Runacher "a simplement explicité ce qui est dans les annonces du gouvernement, telles que présentées dans le dossier de presse" du projet de loi de finances, sous l'intitulé "mesures par amendement (billets d'avions, énergies fossiles)", avait réagi son cabinet samedi auprès de l'AFP.

Maud Brégeon a par ailleurs rappelé que le gouvernement s'engageait dans son projet de budget à "contenir une augmentation" de la facture d'électricité, malgré un réhaussement de taxes (accises) prévu dans le projet de loi de finances.

Le gouvernement a promis dans son projet de loi de finances de garantir une baisse de 9% de la facture pour les 76% de ménages au tarif réglementé de l'électricité (ou en contrat indexé sur ce tarif).

Nouvelle loi immigration

Le gouvernement a annoncé dimanche une nouvelle loi sur l'immigration, dont l'examen pourrait démarrer "début 2025" au Parlement, un an seulement après le précédent texte sur le sujet qui avait fracturé la majorité à l'Assemblée nationale.

"Il y aura besoin d’une nouvelle loi", notamment pour permettre "la prolongation de la durée de détention dans des centres de rétention administrative" des étrangers clandestins jugés dangereux, a annoncé dimanche sur BFMTV la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon.

Une des pistes envisagées est de faire passer la durée maximale de rétention de 90 à 210 jours, ce qui n'est possible pour le moment qu'en matière d'infractions terroristes.

"On ne s’interdit pas de réfléchir à d’autres dispositions", a ajouté la porte-parole, jugeant qu'il ne devait y avoir "aucun tabou en matière de protection des Français".

L'exécutif souhaite que ce texte arrive au Parlement "début 2025", soit seulement un an après la promulgation de la dernière loi immigration.

Début octobre, le Premier ministre Michel Barnier avait semblé écarter l'hypothèse d'un nouveau texte dans un délai aussi proche. "On vient de légiférer", "on va appliquer les règles", il y aura des "progrès possibles mais dans le cadre de la loi actuelle", avait-il déclaré sur France 2.

Mais la pression était sans doute trop forte. En externe, avec le Rassemblement national qui menaçait de déclencher une censure du gouvernement si un nouveau projet de loi n'était pas présenté. En interne, avec le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, tenant d’une ligne très dure sur le sujet, qui demandait de légiférer notamment pour prolonger les délais de rétention administrative.

La précédente loi, promulguée le 26 janvier, avait fait l'objet de débats très tendus au Parlement ainsi qu'au sein de l'ex-majorité présidentielle. Le camp macroniste avait pu faire voter le texte grâce à l'abstention des députés du Rassemblement national.