Comme toutes les villes, Metz connaît un phénomène d'îlot de chaleur urbain surtout marqué l'été. Une chercheuse de l'Université de Lorraine travaille à son identification et nous explique son origine.

Chaque nuit d'été, quand la température grimpe beaucoup, les villes suffoquent alors que les campagnes sont (un peu) plus au frais. C'est le principe de l'îlot de chaleur urbain: un phénomène nocturne qui se caractérise par une différence de température entre un centre-ville minéral et une périphérie plus verte. Car à la tombée de la nuit, la chaleur retenue par les surfaces urbaines se diffuse et crée cet écart, alors que la végétation aura un effet rafraîchissant. Les citadins auront alors l'impression d'être enfermé dans une bulle de chaleur.

À Metz, Nassima Hassani, doctorante de l'Université de Lorraine et du Centre de recherche en géographie LOTERR, a présenté mardi 12 octobre ses premières analyses sur le sujet. Ses recherches ont permis de localiser plusieurs points chauds, visibles en rouge sur la carte. Ce sont les îlots de chaleur. En moyenne, l'écart de température entre Metz et sa périphérie est de 3°C.

"En journée, en milieu urbain ou rural, on a presque les mêmes températures. Mais la nuit, le revêtement qui constitue les bâtiments et les routes en ville restitue la chaleur accumulée le jour." Le béton, l'asphalte, les bâtiments sombres ou en métal et les zones d'activité sont particulièrement favorables au développement de ces points chauds. C'est le cas des avenues non couvertes par des arbres, du centre-ville de Metz et de Montigny-lès-Metz, du parking Coislin, de la place de la République, de la place Charles de Gaulle (devant la gare)...

À l'inverse, la végétation a plusieurs effets bénéfiques pour lutter contre l'îlot de chaleur: elle absorbe et renvoie le rayonnement solaire et empêche l'accumulation de chaleur dans les surfaces en projetant son ombre. Grâce à l'évapotranspiration, l'eau du sol est relâchée par les plantes et refroidit l'air. Ainsi, les zones vertes comme le plan d'eau de Metz, le fort de Queuleu, le Mont Saint-Quentin, la promenade du fort de Bellecroix, le bord de Seille ou même les champs en culture sont plus fraîches.

RTL

Cette carte détaille les écarts maximaux entre les températures minimales relevées par les stations locales REMTHAM et la station Metz Frescaty de Météo France pendant les épisodes caniculaires de juin et de juillet 2019. / © Nassima Hassani

Bien qu'il soit surtout perceptible au début de l'été et lors d'épisodes caniculaires avec peu de vent, l'îlot de chaleur "existe toute l'année" précise Nassima Hassani. Heureusement, des solutions existent pour lutter contre. On peut les diviser en trois grandes catégories, l'idéal étant d'en mettre en place plusieurs:

🟢 Solutions vertes: végétaliser les surfaces en retirant du béton et en plantant des arbres et arbustes. Une solution efficace mais qui demande du temps et de l'investissement.

🔵 Solutions bleues: créer des miroirs d'eau et des fontaines, voire des brumisateurs et arroser la chaussée. Mais leur effet est limité et nécessite d'utiliser une ressource qui peut manquer, comme lors de cet été 2022.

🔘 Solutions grises: utiliser des revêtements plus clairs, avec un meilleur albédo, emmagasinant donc moins de chaleur.

La municipalité a d'ailleurs entendu le problème et s'attaque progressivement à verdir la ville. Avec l'étude Sésame, elle recherche par exemple à planter des essences d'arbres adaptées à la ville et au changement climatique.

Certaines adaptations sont toutefois difficiles à négocier, car le centre-ville de Metz est classé, rendant indispensable l'accord des architectes des Bâtiments de France. Il en va de même pour la renaturation des cours d'école, dont le bétonnage était très demandé il y a quelques dizaines d'années avant que l'opinion publique n'évolue. Il faudra donc encore du temps avant que Metz ne parvienne à atténuer son îlot de chaleur.

Pour aller plus loin, retrouvez ici l'étude publiée par Nassima Hassani sur l'îlot de chaleur de la ville de Metz.