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"Les conditions n'étaient plus remplies", a déclaré Sébastien Lecornu pour justifier sa démission du poste de Premier ministre lundi matin, qui a été acceptée par le président de la République.
Le renoncement à l'article 49.3 de la Constitution, pour redonner la main au Parlement, "n'a pas permis ce choc de se dire qu'on peut faire différemment".
Les partis politiques "continuent d'adopter une posture comme s'ils avaient tous la majorité absolue" et la composition du gouvernement "a donné lieu au réveil de quelques appétits partisans", a affirmé le Premier ministre démissionnaire dans une déclaration sur le perron de Matignon.
Nommé le 9 septembre, M. Lecornu était sous le feu des critiques des opposants et de la droite après avoir dévoilé dimanche soir une partie de son gouvernement. Son équipe ministérielle n'aura donc duré qu'une douzaine d'heures.
M. Lecornu, qui restera comme le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, devait prononcer mardi sa déclaration de politique générale à l'Assemblée et donner à cette occasion ses grandes orientations budgétaires.
Sa démission plonge la France dans une crise politique sans précédent depuis plusieurs décennies, et place Emmanuel Macron en première ligne, alors que fleurissent des appels à une nouvelle dissolution, voire à une démission du chef de l'Etat.
Déjà 5 Premiers ministres depuis 2022
Le pays a connu cinq Premiers ministres depuis la réélection d'Emmanuel Macron en mai 2022.
La désignation de M. Lecornu, ministre des Armées proche d'Emmanuel Macron, avait déjà suscité la réprobation de la gauche et du Rassemblement national, qui n'ont cessé de brandir la menace d'une censure rapide à moins d'une rupture claire dans la politique menée.
Mais M. Lecornu a également dû faire face à une fronde à l'intérieur même de sa fragile coalition gouvernementale.
Les Républicains ont fait monter la pression ces derniers jours en conditionnant leur participation à des engagements supplémentaires du Premier ministre, notamment sur l'immigration. Ils exigeaient également d'avoir un tiers des postes ministériels.
Le dévoilement de son équipe dimanche soir, qui fait la part belle aux reconductions et signe le retour au gouvernement de l'ancien ministre de l'Economie Bruno Le Maire, tenu pour responsable de la situation budgétaire, a achevé d'enflammer la situation. Jusqu'à pousser M. Lecornu à la démission lundi matin.
Dans la foulée, Jordan Bardella (RN) a appellé Macron à dissoudre l'Assemblée, quant à LFI, Jean-Luc Mélenchon demande "l'examen immédiat" de la motion de destitution de Macron.
La cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen a estimé lundi qu'une démission d'Emmanuel Macron serait une décision "sage", mais a surtout appelé le chef de l'État à une dissolution qu'elle juge "absolument incontournable".
"Je n'ai pas à l'appeler à le faire. S'il prend la décision de le faire je pense que ce serait une décision, là encore, sage. Ce qui est sûr c'est (que) la dissolution (de l'Assemblée nationale), elle, est absolument incontournable", a insisté la patronne du parti d'extrême droite après la démission spectaculaire de Sébastien Lecornu, moins d'un jour après la constitution de son gouvernement.