Il a fondé Den Atelier, mais jamais il n'est question de travail quand on parle musique avec ce stakhanoviste.
Qu'elles aient bercé notre enfance, qu'elles enchantent nos journées où qu'elles soient devenues des compagnes pour la vie, les chansons jalonnent notre existence.
La devise de Face B pourrait être: "Dis-moi ce que tu écoutes, je te dirai qui tu es".
Dans cet épisode, c'est un activiste de la musique luxembourgeois qui s'est prêté au jeu. En 1995, sans doute encore dans l'euphorie de la réussite de Luxembourg, capitale européenne de la culture, Laurent Loschetter et deux de ses amis décident de réagir face à leur frustration. Pourquoi continuer d'aller en Allemagne, en France ou en Belgique pour voir les concerts des groupes qui leur plaisent? Un entrepôt est à louer rue de Hollerich... Qu'à cela ne tienne! Den Atelier va ouvrir ses portes.

© Den Atelier
C'est le groupe Moody Mardsen Band qui va inaugurer les planches. S'ensuit un quart de siècle de vibrations intenses et de prestations de groupes majeurs (Garbage, Massive Attack, Motörhead, Youssou N'Dour, Muse, Air...) qui vont faire de Den Atelier une étape incontournable des grandes tournées.
Ce qui a motivé Laurent Loschetter et ses partenaires, c'est uniquement la passion, le mélomane gère par ailleurs une société d'informatique: "J'ai toujours adoré la musique mais je n'ai aucun talent. Ou alors mon talent, c'est de reconnaître que je n'en ai aucun. Et j'adore les choses qui ne sont pas destinées à durer. Or, un concert, c'est vraiment l'archétype de cet accomplissement qui demande trois mois de travail pour un résultat d'une heure trente. Ensuite, les gens rentrent chez eux. Le contrat passé avec le public est fini. Et c'est ce côté éphémère qui me plaît énormément dans l'organisation."

© Den Atelier
L'Atelier en 2022, c'est une équipe de 11 permanents, à laquelle il faut ajouter de nombreux collaborateurs occasionnels. "L'aspect logistique et humain me plaît également, poursuit Laurent. L'organisation d'un concert implique tellement de gens différents: des mécaniciens, des chauffeurs, des gens de la communication, des gens qui travaillent au bar, des techniciens son, lumière... C'est une agglomération de gens d'horizons divers, des manuels aussi bien que des intellectuels, et chaque fois je suis épaté qu'ils parviennent à devenir copains."
Den Atelier n'hésite pas à "délocaliser" certains concerts lorsque ses murs sont trop petits. L'un des grands moments de l'histoire des organisateurs, c'est un concert de Rammstein à Roeser en 2019 qui a attiré 19.000 spectateurs.

© Deadly Sexy Carl (Carl Neyroud)
En 2022, à l'instar des autres lieux de diffusion au Luxembourg, Den Atelier a retrouvé son rythme de croisière, après deux années pénibles de covid. "Notre rythme était 2.5 concerts par semaine, rappelle Laurent, et on avait beaucoup de reconnaissance. Tout le monde nous tapait sur l'épaule. Et puis ce virus est apparu. On a d'abord pensé qu'on allait attendre un mois et qu'ensuite ça irait mieux. Et puis l'annonce du confinement est tombée. Et là, tu te retrouves avec une équipe habituellement boostée par l'adrénaline de notre rythme habituel sans aucune activité. Ma plus grande peur a été de perdre des collaborateurs, avant les problèmes financiers ou les problèmes d'usure de la salle qui n'était plus utilisée. J'adore notre équipe mais la moitié n'est pas salariée et ces indépendants se sont retrouvés sans revenus. Mon job, ça a été des les voir individuellement et de trouver des solutions car je ne voulais pas les perdre."