Avec son association D’Bréck, ce promoteur du multiliguisme entend défendre ce qui a toujours représenté une valeur ajoutée du Luxembourg à l'heure d'une forme de repli nationaliste.

Athanase Popov sait qu'il ne va pas se faire que des amis au Luxembourg. Pourtant, ce fonctionnaire européen d'origine bulgare est plein de bonnes intentions pour faire évoluer la société luxembourgeoise. En fondant l'association D’Bréck, Athanase et ses amis visent à promovoir "le métissage culturel et le rapprochement entre les différentes communautés au pays".

"On ne peut pas avoir un prix littéraire avec une œuvre en portugais alors qu'en anglais, oui."

Athanase le clame haut et fort, il n'est pas un ennemi de la langue luxembourgeoise, bien au contraire.

"Pour éviter de nous faire des ennemis, ou pour nous en faire moins, précise l'activiste, nous faisons partie des associations qui promeuvent le luxembourgeois [...] Nous sommes très favorables à la promotion de la langue luxembourgeoise pour autant que cela ne se fasse pas au détriment du multilinguisme. Par exemple, on a constaté que la langue portugaise, qui est très présente au Luxembourg, est exclue du secteur culturel. C'est une affaire de communauté portugaise, de communauté étrangère mais on peut pas avoir un prix littéraire avec une œuvre en portugais alors qu'en anglais, oui."

Un retour du français à la Chambre des députés ?

La particularité de l'association D’Bréck, c'est qu'elle englobe aussi bien les problématiques politiques et sociétales que culturelles. Avec de nombreux débats et déjà la publication de trois livres à son actif, elle vise à donner une voix à ces nombreux résidents qui voient le Luxembourg muter, pas toujours dans le sens qu'ils espèrent.

"Moi, ça fait 13 ans que je suis au Luxembourg, fait remarquer Athanase Popov, et déjà en 13 ans, je constate de très nettes différences. À l'heure actuelle, dans les clubs sportifs, on parle anglais alors qu'avant, on parlait français. Le niveau en français régresse parce qu'il n'y a pas de politique d'encouragement de la langue française."

Le jeudi 18 janvier prochain, D’Bréck organise au centre sociétaire de Cents une table ronde sur le multilinguisme en politique au Luxembourg avec Pierre Reding (Commissaire à la langue luxembourgeoise), Daniela Clara Moraru (Languages.lu, ex-présidente de CSV International), Antoni Montserrat Moliner (PiiLux) et David Foka (d'Bréck).

Au menu, la longue tradition du bilinguisme en politique (allemand et français, puis luxembourgeois et français) au Grand-Duché, qui s’est quelque peu perdue. L'occasion d'évoquer calmement un sujet qui polarise d’habitude, car chacun campe sur ses positions.

"Un de nos projets pour cette année, conclut le président de D’Bréck, consisterait à mettre en place un prix luxembourgeois de la traduction littéraire, vu qu'il n'en n'existe pas. Aux Journées du Livre de Walferdange, il y a de plus en plus d'auteurs de livres en luxembourgeois, par contre rien en termes de traduction. Certains écrivains luxembourgeois le déplorent car ils savent qu'ils se privent d'une partie du lectorat au sein même du pays. Mais c'est comme ça pour le moment, il y a une forme de pensée unique."