
“Je crois sincèrement au plus profond de moi que tout le monde a une valeur et mérite d’être sauvé”, confie l’élu, autrefois accro à la cocaïne et à l’alcool.
“C’est pourquoi les questions du logement, des personnes sans-abri et de la dépendance comptent beaucoup pour moi”, poursuit celui qui est, depuis 2018, maire d’Oshawa, ville de 189.000 habitants.
Selon lui, le pays est confronté à “la plus importante crise sanitaire” de son histoire. Il milite donc pour que l’état d’urgence national soit décrété face à l’augmentation de surdoses et de personnes sans domicile fixe.
Dans sa ville où leur nombre est passé de quelque 45 avant la pandémie à plus de 300 aujourd’hui, il a mis sur pied un nouveau centre d’accueil qui offre repas, logement mais aussi des soins médicaux et psychologiques.
“Tout est très cher. C’est tellement difficile de trouver un logement à louer dans le coin”, explique Chris Harris, vivant dans la rue et dont la compagne est morte d’une overdose.
Le maire Carter a également instauré un programme pour faire travailler secouristes et travailleurs sociaux ensemble, et un autre visant à récupérer les seringues dans les parcs et espaces publics. L’an dernier seulement, les services d’urgence d’Oshawa ont répondu à plus de 500 appels pour surdoses.

Toutes ces idées sont inspirées de sa propre expérience, sur laquelle il n’hésite pas à revenir sans gêne ni retenue sur son passé.
“La dépendance m’a conduit dans tous les endroits sombres que vous pouvez imaginer”, raconte le politicien de 64 ans aux cheveux clairsemés. “À 31 ans, j’étais mentalement, émotionnellement, physiquement et financièrement détruit”.
Né au Nouveau-Brunswick dans l’est du Canada puis adopté en très bas âge, Dan Carter connaît une enfance difficile marquée par la mort de sa mère et de son frère, des troubles d’apprentissage liés à sa dyslexie et une agression sexuelle qu’il a longtemps cachée.
Jeune adulte, analphabète, il passe quelques jours en prison pour falsification d’un chèque, un épisode qui lui colle encore à la peau des décennies plus tard.
“Je dois régulièrement voyager aux États-Unis et, chaque fois, je dois obtenir une autorisation à cause de mon casier judiciaire”, dit-il, portant cravate et costume violets, chaussures noires cirées.
L’électrochoc survient grâce à sa sœur quand il est âgé d’une trentaine d’années. “Elle m’a dit: “Tu as le choix entre devenir sobre ou mourir””, se souvient Dan Carter.
Une cure de désintoxication plus tard, celui que tout le monde appelle Dan parvient à se relever et décroche “accidentellement” un emploi pour la télévision même s’il n’a “aucun diplôme reconnu ni compétences” à l’époque.
Sa dyslexie continue à le poursuivre, mais ses progrès en lecture et sa “curiosité naturelle pour les gens” lui permettent de faire carrière dans le monde des médias pendant plus de 20 ans.
Reconnaissant pour toute l’aide qu’il a reçue à ce moment-là et qui lui a permis de s’en sortir, il veut à son tour tendre la main aux plus démunis.
“Dan est, comme tout le monde, frustré car les solutions n’arrivent pas assez vite”, explique Nathan Gardner, directeur du refuge Back Door Mission, qui évoque une population de sans-abris confrontée à “beaucoup de désespoir”.
“Nous pouvons faire mieux que ce que nous faisons aujourd’hui”, confirme Dan Carter, qui veut garder espoir.