
Des correspondants de l’AFP ont vu des convois de dizaines de voitures, brandissant les drapeaux jaunes du Hezbollah libanais, converger vers plusieurs villages dévastés par la guerre entre la formation pro-iranienne et l’armée israélienne.
En vertu de l’accord qui a mis fin à la guerre le 27 novembre, l’armée israélienne devait achever dimanche son retrait du sud du Liban, mais Israël a annoncé vendredi que l’opération se poursuivrait au-delà de la date limite du 26 janvier.
L’armée israélienne a tiré dans plusieurs localités frontalières sur “des citoyens qui tentaient de revenir dans leurs villages”, faisant au moins onze morts et 44 blessés, selon le ministère de la Santé.
Un correspondant de l’AFP a vu des dizaines d’habitants de la localité frontalière de Maïss al-Jabal se diriger à pied vers le village dévasté, où l’armée israélienne est toujours postée.
Ils brandissaient des portraits du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, tué par Israël fin septembre, et des femmes en noir portaient des photos de leurs proches tués dans la guerre.
“Nous allons revenir dans nos villages et l’ennemi israélien va partir, même si cela va nous coûter des martyrs”, a affirmé à l’AFP Ali Harb, un jeune homme de 27 ans qui tentait de revenir dans le village dévasté de Kfarkila.
Dans un autre village frontalier, Maroun al-Ras, des images diffusées par des chaînes locales ont montré des soldats libanais et des hommes brandissant des drapeaux du Hezbollah et de son allié, le mouvement Amal, à quelques mètres d’un char israélien.
La guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien avait contraint 900.000 personnes au Liban à fuir leurs foyers et fait plus de 4.000 morts selon les autorités libanaises.
En vertu de l’accord qui y a mis fin, seuls l’armée libanaise et les Casques bleus de l’ONU doivent être désormais déployés dans le sud du Liban.
De son côté, le Hezbollah doit retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière, et démanteler toute infrastructure militaire restante dans le sud.
Le président libanais Joseph Aoun a invité les habitants à faire preuve de “sang-froid” et à “avoir confiance en l’armée libanaise”, “soucieuse d’assurer votre retour en sécurité dans vos foyers et vos villages”.
Le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, avait appelé les habitants du sud dans un communiqué sur X à “attendre” avant de revenir. “Ne permettez pas au Hezbollah de revenir et de vous utiliser (..)”, a-t-il dit.
Depuis le village frontalier de Aïta al-Chaab, le député du Hezbollah Hassan Fadlallah a salué dans une déclaration à la chaîne locale al-Jadeed “le retour des habitants malgré les menaces et les mises en garde” israéliennes.
De son côté, le Premier ministre Najib Mikati a appelé dimanche “les parrains de l’accord de cessez-le-feu à assumer leurs responsabilités (..) et à contraindre l’ennemi israélien de se retirer des territoires qu’il occupe”.
Le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a annoncé vendredi que le retrait des forces israéliennes se poursuivrait au-delà de la date limite du 26 janvier, “l’accord de cessez-le-feu n’ayant pas été accompli totalement par le Liban”.
L’armée israélienne a retiré ses forces du secteur côtier du sud du Liban mais est demeurée dans les zones plus à l’est.
Le président Joseph Aoun avait souligné lors d’un entretien téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron “la nécessité de contraindre Israël à respecter les dispositions de l’accord afin de préserver la stabilité dans le sud”, avait indiqué samedi la présidence libanaise.
Un mécanisme de surveillance réunissant la France, les Etats-Unis, le Liban, Israël et la force de maintien de la paix de l’ONU au Liban (Finul), a été mis en place pour surveiller l’application de l’accord.
Disant agir en soutien à son allié le Hamas, le Hezbollah avait ouvert un front contre Israël au lendemain de l’attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre 2023 qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, où une trêve est aussi en vigueur, depuis le 19 janvier.
Ce front avait dégénéré en guerre ouverte en septembre dernier, Israël bombardant la capitale Beyrouth et infligeant plusieurs coups durs au puissant mouvement libanais, notamment en tuant son chef Hassan Nasrallah.