Le procès concernant le meurtre de Diana Santos, une affaire qui a choqué tout le pays et au-delà des frontières après que son corps démembré ait été retrouvé dispersé à travers la France et l’Allemagne, s’est poursuivi jeudi au tribunal de Diekirch, le ministère public exposant un motif probable d’obsession amoureuse.
Le tribunal a entendu que la ressortissante portugaise de 40 ans avait été tuée dans sa maison de Diekirch le 18 septembre 2022, avant que son corps ne soit démembré dans la cave. L’enquête a débuté lorsqu’un torse de femme a été découvert à Mont-Saint-Martin, en France, le 19 septembre, qui a rapidement été identifié comme étant celui de Diana Santos.
Ses jambes et sa tête ont été retrouvées six semaines plus tard à Temmels, en Allemagne. Ses bras n’ont toujours pas été retrouvés.
Les preuves présentées suggèrent que l’accusé n’était pas seulement un ami, mais qu’il entretenait une relation amoureuse avec la victime, qui souhaitait mettre fin à cette relation pour en commencer une nouvelle. Le tribunal a été informé que l’accusé avait envoyé à Diana Santos de nombreux messages alternant entre déclarations d’amour et menaces de mort. Le neveu a décrit son oncle comme contrôlant le téléphone et les déplacements de la victime, une description corroborée par des connaissances qui ont qualifié l’homme d’agressif, de jaloux et de possessif.
Des preuves cruciales provenant d’une caméra de surveillance installée dans un garage voisin ont aidé les enquêteurs à reconstituer minutieusement le déroulement du crime. Les images montraient en détail les allées et venues à la maison de Diana Santos le jour où elle a été tuée.
Selon l’accusation, la séquence des événements a commencé après que la victime ait eu un appel vidéo avec son petit ami à 13h30. Le neveu en a informé son oncle, qui habitait à seulement cinq minutes de là. L’accusé s’est immédiatement rendu sur les lieux en voiture.
Selon l’enquêteur, le moment clé capturé par la vidéo est celui où l’oncle est sorti de la maison à 14h, a marché jusqu’à la rue, puis est retourné à l’intérieur.
« À notre avis, c’est à ce moment-là que quelque chose s’est passé », a souligné l’enquêteur. Le neveu n’est revenu à la maison qu’à 14h22. Tout au long de l’après-midi, le neveu a été vu allant et venant jusqu’à environ 19h30, heure à laquelle les deux hommes sont partis en voiture pour Mont-Saint-Martin, en France, où ils se sont débarrassés du torse. Ils se sont ensuite rendus à Temmels, en Allemagne, pour jeter d’autres parties du corps.
Le tribunal a également appris que l’oncle exerçait un contrôle important sur son neveu, qui se serait plié à ses exigences par crainte. Le neveu a déclaré lors de son interrogatoire que son oncle avait menacé de s’en prendre à lui et à sa famille s’il parlait à la police, ce qui l’avait poussé à s’enfuir au Maroc le 23 septembre 2022.
Ce témoignage s’appuie sur les preuves présentées plus tôt dans la semaine, où des experts ont confirmé que la victime était décédée d’un coup porté au cou et d’une section de la carotide. Les traces de sang suggèrent que le meurtre a eu lieu dans la chambre, et que le démembrement s’est produit dans la cave.
Lorsque le juge a confronté l’accusé concernant ses émotions suite à la mort de la victime, ce dernier est resté assez neutre, en avouant avoir éprouvé un peu de chagrin “au début” tout en fournissant des réponses laconiques tout au long de l’interrogatoire. “Avez-vous tué la victime ?” a alors demandé le juge sans filtre, ce à quoi l’accusé a répondu “non, je ne l’ai pas tuée, c’était mon neveu”. Il a également expliqué avoir fumé une cigarette à l’extérieur au moment des faits, une dispute entre le neveu et la victime concernant un mariage blanc. Lorsque l’accusé est à nouveau entré dans la maison, le meurtre avait déjà été commis, selon lui. Il explique qu’il a cependant aidé son neveu à démembrer le corps de la victime et en “éliminer” les restes.
L’enquêteur de la police a affirmé que “mis à part les deux mis en cause, aucune autre personne n’est impliquée dans cette affaire, cela concerne aussi le démembrement et l’élimination du corps de la victime”. Il poursuit en expliquant que “lorsque l’on regarde les événements de plus près, la jalousie excessive de l’accusé semble être le motif de cet acte, plus que l’argent dans le cadre d’un mariage blanc”. Le nouveau compagnon de la victime devait d’ailleurs se rendre chez elle le jour du meurtre.
Lors de la dernière séance, le fils de la victime avait fait le voyage depuis le Portugal. Âgé de 22 ans lors des faits en 2022, il avait ensuite perdu son travail et s’était retiré chez lui. Il a dû suivre des traitements suite à plusieurs crises de panique.
Il a déclaré avoir attendu ce moment depuis très longtemps pour pouvoir enfin regarder l’accusé dans les yeux.
Le procès, qui a été prolongé d’un jour, devrait se poursuivre vendredi prochain.