
“Les entretiens révèlent un dysfonctionnement dans la gestion de la mairie, qui trouve son origine en grande partie dans des problèmes de leadership”, conclut l’audit du 14 janvier, que RTL a consulté. Le manque de structures, la mauvaise communication et la défiance entre le collège des bourgmestre et échevins et le personnel ont créé un environnement dans lequel les employés de la commune se sentent stressés et craignent des représailles.
A la demande de RTL, le collège échevinal de Dippach avait écrit le 13 mars avoir ressenti “au cours de l’année dernière, un certain malaise chez le personnel et au collège des bourgmestre et échevins”. Des collaborateurs et ex-collaborateurs de la mairie jugent toutefois cette formulation en deçà de la vérité.
“Je n’ai encore jamais rien vécu de tel”, indique à RTL un homme qui a travaillé à la mairie. Il manque à la mairie une hiérarchie et une structure. L’un dit à l’autre qu’il n’a rien à dire. A propos de la bourgmestre, Manon Bei-Roller (LSAP), il dit qu’elle est peut-être une personne sympathique, mais qu’elle ne peut pas s’imposer. “Personne ne peut dire que c’est un petit malaise. C’est un désastre total en matière de politique du personnel”, estime-t-il. Il ne peut pas parler de manière aussi directe de harcèlement moral, mais la pression est bien présente.
Un employé de la mairie évoque cependant un harcèlement moral. La situation à la mairie s’est fortement dégradée depuis deux ans. “La bourgmestre est dans un trip de culte de la personnalité”, écrit-il. Soit vous êtes de son avis, soit vous allez avoir des problèmes. Selon lui, le personnel est victime de harcèlement et des informations confidentielles sont utilisées à mauvais escient pour mettre les gens sous pression. “Et le collège échevinal et le conseil communal observent ce petit jeu depuis des années déjà”, constate-t-il.
Dans la partie de l’audit réalisé par la société Nukleo, dont dispose RTL, et intitulé “Rapport d’évaluation complémentaire”, la bourgmestre est souvent citée comme source du mal-être des salariés. Les problèmes au niveau du leadership, de la prise de décisions et de la communication interne sont en grande partie attribués à la bourgmestre Manon Bei-Roller.
“Le style de leadership de la bourgmestre est perçu comme la principale source de conflit. Il est décrit comme impulsif, irrespectueux et émotif”, est-il écrit dans le rapport de cinq pages qui résume les entretiens avec 23 personnes. Il s’agit là de 20 des 30 collaborateurs de la mairie, les trois autres étant les membres du collège échevinal.
Il est encore indiqué que la bourgmestre remettrait régulièrement en question l’autorité de ses collègues, notamment du deuxième échevin Philippe Meyers. Il y aurait un manque de décisions claires et cohérentes. La bourgmestre interviendrait également régulièrement dans les affaires quotidiennes, ce qui fragiliserait le responsable d’équipe. Les salariés ont aussi exprimé leur mécontentement face à l’absence de procédures standardisées.
En ce qui concerne la communication interne, le rapport mentionne un manque de canaux formels et structurés. Les informations importantes sont souvent mal communiquées, ce qui entraînerait frustration et méfiance. En termes de climat de travail, des tensions internes sont évoquées, dues à des sentiments d’injustice et des tensions relationnelles majoritairement associés à la bourgmestre. Plusieurs employés de la commune de Dippach parlent d’inégalité de traitement, surtout concernant la charge de travail.
Le premier rapport d’audit intitulé “Rapport d’évaluation et recommandations opérationnelles” est daté du 10 octobre, un autre du 28 octobre, un autre encore du 19 décembre et celui dont dispose RTL du 14 janvier. Ce dernier aborde aussi la gestion du changement, qui est jugée “déficiente”, en raison d’un manque de planification et de consultations attribué au collège échevinal. Certains employés indiquent être surchargés de travail à cause du manque de personnel. Le rapport mentionne un mauvais moral au travail et du stress. D’autres collaborateurs ont encore démissionné récemment.
Le rapport, qui visait à identifier et analyser les problèmes dans l’organisation de la mairie, arrive à la conclusion que des réformes structurelles, des procédures claires et des distances professionnelles entre le collège échevinal et le personnel sont nécessaires de toute urgence pour améliorer les conditions de travail et le moral au sein de l’administration communale.
RTL a également consacré un article aux réactions du collège des bourgmestre et échevins de la commune de Dippach.
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