
Trois autres membres de sa famille, qui l’auraient notamment aidée ensuite à jeter l’homme dans une rivière près de Figuiera da Foz, à peu près à mi-chemin entre Lisbonne et Porto, sont également poursuivis.
Comme il n’était pas exclu en 2021 que les auteurs puissent faire partie de l’entourage de la victime, donc venir du Luxembourg, une enquête avait également été ouverte ici. En mars 2022, la compagne de la victime, son fils, sa mère et le compagnon de cette dernière étaient arrêtés.
Ce sont des relations familiales complexes qui ont été révélées au tribunal lundi. En août 2021, la victime, appelons-le Pedro, était en vacances au Portugal avec sa compagne de longue date, Ana, dont le prénom a également été changé, comme tous les autres prénoms. Le fils adulte d’Ana, Paulo, était avec eux, tout comme sa mère, Mariana, et son compagnon, Antonio. Selon l’enquête policière, Ana entretenait depuis longtemps une liaison avec lui lorsqu’ils étaient en vacances ensemble.
A propos de Pedro, elle a raconté qu’il abusait d’elle physiquement et psychologiquement. Son entourage décrit en revanche cet homme comme un travailleur tranquille dont la relation avec Ana se déroulait bien tant qu’il payait, et moins bien lorsqu’il ne voulait pas donner d’argent à la femme qui percevait le RMG (revenu minimum garanti) au Luxembourg.
Ce clan compliqué s’est trahi en tentant plutôt maladroitement de brouiller les pistes. Une semaine après les faits, un message a été publié sur le compte Facebook de Pedro, annonçant son départ avec l’amour de sa vie. Cependant à ce moment-là, la sœur de Pedro avait déjà signalé sa disparition et la police portugaise avait retrouvé le corps. Et les morts n’écrivent pas de messages Facebook. Pendant ce temps, Ana utilisait les cartes bancaires de Pedro pour retirer de l’argent au distributeur. Elle est clairement reconnaissable sur la vidéo de surveillance. Elle s’est également renseignée sur l’assurance-vie de Pedro.
À cette époque, la famille était déjà sur écoute. C’est ainsi que la police a écouté Mariana expliquer à son petit-fils Paulo ce qu’il devait dire aux policiers.
En analysant le matériel informatique, la police a constaté qu’un bon mois avant les faits, Antonio avait recherché sur Internet un “poison qui ne laisse aucune trace” et qu’il voulait commander un “poison pour tuer les personnes” sur un site de vente en ligne brésilien. Ce qui a fait dire à la juge: “Si les choses ne s’étaient pas si mal terminées pour Pedro, on pourrait croire qu’on est dans une télénovela.”
Selon les résultats de l’enquête, Ana a en fait agi avec un sang froid surprenant. Elle a envoyé sa cousine acheter le poison chez le pharmacien, prétextant que c’était pour la sœur de Pedro. Mariana l’a accompagnée. Une fois les emplettes terminées, elles sont allées commander un porcelet pour une fête, qui a eu lieu trois jours après le meurtre.
Pendant que sa cousine et sa mère étaient à la pharmacie, Ana cherchait vraisemblablement un endroit où jeter à l’eau le corps de Pedro. Elle écrit à Mariana qu’elle a déjà trouvé un cimetière. Sur les photos de la fête, trois jours après le meurtre, Ana danse, a témoigné l’enquêteur devant la Cour.
Il n’y a pas beaucoup de preuves objectives, a constaté la juge dès la première audience. Mais la police a trouvé d’autres indices dans les messages. Par exemple, un message de Mariana à Ana, fin octobre, disant que sa fille devait désormais se chercher un nouvel homme riche. Ana répond : “Tu es folle ? Tu veux que je le jette à la Moselle après cinq ans ?” Et les deux femmes en rient.
Le procès se poursuivra mardi.