Le Premier ministre Luc Frieden a annoncé lundi matin devant la presse luxembourgeoise, convoquée à la hâte, qu’il était de retour du palais grand-ducal pour informer le Grand-Duc d’un “remaniement ministériel”.
“Critiqué, attaqué de façon continue ces dernier temps”, mais aussi d’”une façon blessante et injuste”, son ministre du Travail et des Sports, Georges Mischo, lui a “remis hier soir sa démission, que j’ai accepté”, a annoncé Luc Frieden. La raison de cette démission est claire: Georges Mischo, “ne peut plus se concentrer sur son travail comme il le voudrait”.
La décision “n’est pas facile pour notre gouvernement car c’est une personne, un ami, qui s’est beaucoup engagé”, a souligné le chef du gouvernement. À son ministre démissionnaire il dit “un grand merci” pour avoir “mis l’intérêt du pays avant le sien” et que cela permettra au gouvernement CSV-DP de travailler “sereinement” dans les semaines qui viennent.
D’autant que “notre pays est dans une situation économique qui n’est pas simple” et que la situation géopolitique compliquée “a des incidences sur nos emplois”. La sérénité est une condition nécessaire pour “transposer l’accord de coalition avec une équipe qui tire la corde dans le même sens”
Le remaniement interviendra “aussi vite que possible”, c’est-à-dire “d’ici la fin de la semaine” à la condition que les instances du CSV, parti que Luc Frieden dirige, donnent leur feu vert aux nouvelles nominations dès “mercredi soir”.
Pour remplacer Georges Mischo au ministère du Travail, Luc Frieden propose Marc Spautz car “il a une grande expérience dans le droit du travail et a de bon contacts avec le patronat et l’artisanat” et parce qu’il est “directement opérationnel”.
Le Premier ministre propose Martine Hansen comme nouvelle ministre des Sports. Car le Sport joue un “rôle important dans notre société pour la cohésion sociale et la Santé” aussi bien à l’école, pour la pratique du sport loisir et du sport de haut niveau. L’Agriculture et la Protection des consommateurs restent ses portefeuilles par ailleurs.
Depuis qu’il est entré au gouvernement Frieden-Bettel, voilà deux ans, Georges Mischo, issus des rangs du CSV, a été déclencheur de nombreuses critiques de l’opposition et des syndicats notamment, dans plusieurs dossiers.
Pas plus tard que vendredi, Georges Mischo a déclaré au micro de RTL, juste après le Conseil des ministres, qu’il retirait son projet de Musée des Sports sur le site de la “Rout Lëns”, à Esch-sur-Alzette, commune dont il était le bourgmestre avant sa nomination ministérielle. Le ministre des Sports est accusé de ne pas avoir suivi les procédures prescrites et le LSAP, principal parti d’opposition, a parlé de négligence et a demandé à la Cour des comptes d’examiner le dossier. Interrogé en direct par une journaliste sur le dossier, le Premier ministre a botté en touche car “il ne connaît pas tous les éléments de cette affaire”.
Le ministre du Travail a surtout été critiqué par les syndicats OGBL et LCGB. La confiance était rompue depuis de très longs mois et surtout depuis que le ministre du Travail avait notamment titillé les syndicats représentatifs sur leur prérogative de négocier les conventions collectives de travail, leur cœur de métier. Sans parler de la flexibilisation du travail du dimanche et des heures d’ouverture des commerces qui sont restés en travers de leurs gorges.
Début octobre, les syndicats unis au sein d’un nouveau front qui avait donné lieu à une manifestation historique au Luxembourg le 28 juin, avait lancé une attaque contre le ministre du Travail sous forme d’une lettre officielle adressée au Premier ministre. Lui reprochant pêle-mêle d’être à l’origine de la dégradation du dialogue social, de prendre des décisions unilatérales sans concertation et de refuser de donner de garanties sur les conventions collectives. Georges Mischo avait alors réagi et dit à propos de la missive: “Je regrette naturellement qu’elle soit devenue si personnelle, voire qu’elle ait été en-dessous de la ceinture, avec certaines affirmations”.
