“La Findel Clinic est un projet dangereux !”, a affirmé le député socialiste et ancien ministre de la Santé, Mars di Bartolomeo, lundi devant les membres de la Commission parlementaire de la Santé. Son parti avait demandé que ce point soit inscrit, parmi d’autres, à l’ordre du jour. Une large partie de l’opposition a réagi bien moins sereinement au projet que la ministre CSV de la Santé ne l’a fait la semaine dernière.
Le député LSAP Mars di Bartolomeo estime que le système solidaire est menacé lorsqu’il s’agit de projets tels que la Findel Clinic, où des investisseurs privés, notamment des promoteurs, des banquiers et des médecins, s’associent:
“Je ne pense pas que les deux parties, médecins et investisseurs, se soient rapprochées pour leurs beaux yeux, mais bien pour faire des affaires avec la santé. Et cela, c’est inacceptable. Pour nous, c’est non négociable. Nous attendons des déclarations claires à ce sujet. Et même si cela ne figure pas actuellement dans le code de déontologie des médecins, il faudra que cela y soit inscrit.”
L’opposition critique aussi le nom du projet. L’expression “Findel Clinic” risque de semer la confusion chez les patients, estiment Mars di Bartolomeo et la députée verte Djuna Bernard, qui espère que le Collège médical prendra des mesures. En effet, contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, il ne s’agira ni d’un hôpital, ni d’une clinique traditionnelle, mais d’un espace collaboratif regroupant plusieurs spécialités médicales.
Pour sa part, le DP ne voit pas cette initiative privée d’un œil aussi critique. Pour le député libéral Gusty Graas, il faut agir dans l’intérêt du patient:
“Lorsqu’il y a des initiatives, y compris privées, il faut au moins leur donner une chance. Il faut analyser le projet. Bien sûr, tout doit être conforme à la législation. Mais de là à penser immédiatement que notre système de santé va s’effondrer, c’est une vision que nous ne partageons pas du tout. Et je trouve dommage que ce discours soit tenu ici. Nous avons un bon système de santé et il faut évidemment chercher à l’améliorer autant que possible. Et cette initiative est une opportunité, à laquelle il faut au moins accorder une chance, ne serait-ce que théoriquement.”
Une étude est aussi actuellement menée pour examiner la possibilité d’intégrer une antenne du CHEM (Centre Hospitalier Emile Mayrisch) dans le grand centre commercial de Wickrange. L’opposition s’y oppose également. Pour Marc Baum, député de déi Lénk, tout cela relève du fantasme. Pour l’heure, il s’agit avant tout du nouveau “Südspidol”, et il existe déjà deux antennes, à Dudelange et à Niederkorn.
“Ce sont les endroits auxquels il faudrait d’abord réfléchir lorsqu’il s’agit de savoir si le CHEM a besoin d’antennes ou non. Ensuite, et c’est peut-être un peu plus polémique, mais je dois dire que cela commence à devenir un peu excessif. On a là l’un des plus grands promoteurs du Luxembourg, qui a obtenu sa propre bretelle d’autoroute, qu’il construit en plus lui-même. Il a décroché ce marché public. Il va aussi obtenir une station de tram. L’État loue déjà des étages entiers de son bâtiment pour l’école hôtelière. Et maintenant, on voudrait encore y installer, aux frais de l’État, une antenne du CHEM. À un moment donné, il faut dire, ça suffit cette gloutonnerie.”
La ministre a indiqué que ce projet ne lui avait pas été présenté. Elle a discuté avec ses représentants au conseil d’administration : l’idée avait été évoquée une fois, mais n’a plus été abordée ensuite. Il est toutefois possible que la question revienne lors du prochain conseil d’administration du CHEM.
