Nous vivons dans un monde totalement différent, un monde nouveau. “Avec la guerre en Ukraine et l’élection du président américain Donald Trump, les temps ont profondément changé”, a déclaré lundi matin l’ex-commissaire européen Nicolas Schmit sur RTL. L’Europe doit se repositionner, et c’est pourquoi Nicolas Schmit est l’un des initiateurs de la Déclaration de Strasbourg et de l’"Europa Power Initiative”. Cette déclaration a été lancée par le think tank français Europa Nova, “qui fonctionne de manière transpartisane : des libéraux aux sociaux-démocrates en passant par le PPE”, a souligné Nicolas Schmit. À ses côtés, Margrethe Vestager, Paolo Gentiloni et plus de 100 autres personnalités issues du monde politique et économique et de la société civile, demandent également que l’Europe se réorganise. “Car si nous ne le faisons pas, l’Europe disparaîtra en réalité et ne jouera plus aucun rôle dans le monde, qui est en train de se mettre en place.”
Des relations transatlantiques fortes restent évidemment importantes. Mais “la nouvelle stratégie américaine, et la manière dont elle perçoit le monde et l’UE, montre que les États-Unis ne sont plus notre allié naturel, ni en matière de sécurité, ni sur le plan idéologique. Et c’est probablement encore plus grave, car cela influence l’avenir de notre démocratie”, selon l’ex-commissaire européen.
L’Europe a donc besoin d’une stratégie plus claire. “L’UE est performante en matière de marché intérieur et de commerce, mais elle manque de réflexion stratégique, notamment sur le rôle qu’elle souhaite jouer dans le monde”, a indiqué Nicolas Schmit. Elle doit aussi combler “son retard dans les domaines de la sécurité et de la technologie. Certains secteurs sont dominés par les célèbres GAFA” [Google, Apple, Facebook et Amazon, ndlr]. Et des personnalités comme Elon Musk déclarent ouvertement vouloir détruire l’Union européenne. Ils se considèrent comme “une superpuissance qui veut réorganiser le monde selon ses propres règles”, a critiqué Nicolas Schmit.
“Nous devons investir davantage d’argent en Europe, mais il est tout aussi essentiel d’embarquer les citoyens”, a souligné l’ancien ministre. Il faut leur montrer clairement que “leur prospérité, leur avenir et celui de leurs enfants ne peuvent être garantis que dans une Europe forte”. Retomber dans une Europe de la pensée nationale serait un “accident majeur”, une catastrophe pour le Luxembourg. Car dans une telle Europe, les petits pays n’auraient plus aucun rôle à jouer. Ce qui est encore plus dramatique dans ce contexte, c’est qu’à Washington, Trump déroule le tapis rouge à des partis nationalistes comme l’AfD en Allemagne. “Les extrémistes de droite, nous en avons aussi au Luxembourg : ce n’est pas un hasard si Monsieur Kartheiser est invité à Sotchi, en Russie, pour s’y faire célébrer.” Ce sont des personnes prêtes à trahir l’Europe pour servir d’autres intérêts, et il faut absolument s’y opposer.
Nicolas Schmit n’a pas souhaité commenter les spéculations sur son éventuelle candidature comme tête de liste LSAP. Ce n’est pas un sujet pour lui. Ses engagements se concentrent désormais sur “les questions européennes”.
En octobre, Le Lëtzebuerger Land rapportait que l’ancien ministre LSAP avait été sondé pour un poste de haut niveau à l’OCDE, mais que Luc Frieden lui aurait mis des bâtons dans les roues. Le Premier ministre avait ensuite démenti cette information. A ce propos, Nicolas Schmit a seulement ajouté : “Là où c’est flou, il y a un loup.”
