
Comme d’autres organisations de défense des droits humains, le Collectif réfugiés critique la tendance plus répressive de la politique européenne en matière d’asile. Les signes indiquent clairement un repli, selon Laura Zuccoli. Lundi, le premier pacte commun sur la migration et l’asile a franchi une étape importante au niveau du Conseil des ministres de l’Intérieur européens, en vue de sa mise en œuvre prévue en juin prochain.
Les objectifs sont clairs : il s’agit de faire cesser l’immigration illégale, avec des contrôles aux frontières plus stricts et davantage de retours vers les pays d’origine lorsque les personnes n’ont pas obtenu le droit d’asile en Europe.
Le Collectif réfugiés Luxembourg s’offusque notamment des centres de retour prévus dans des pays tiers (" return hubs”), où des personnes pourraient à l’avenir être refoulées, soit en transit avant leur retour dans leur pays d’origine, soit de manière durable. Laura Zuccoli se dit “préoccupée” par ce concept. Selon elle, cela “externalise un problème” et “envoie des gens dans des pays avec lesquels ils n’ont aucun lien”. Le Collectif réfugiés s’interroge en outre sur le respect du droit international dans ces lieux.
Au Luxembourg, Il existe aussi une “Maison du retour”, “qui est en fait utilisée pour exercer une pression sur les demandeurs d’asile, dont la demande a été rejetée”, afin de les inciter à rentrer volontairement chez eux, “c’est-à-dire qu’il leur est alors dit ‘soit tu vas maintenant à la Maison du retour, soit tu te retrouves à la rue ou bien au centre de rétention’”. La structure, située à la Luxexpo, au Kirchberg, accueille de plus en plus de monde, y compris des familles. Mais même un an après son ouverture, il n’existe “toujours pas de concept”, le lieu devrait être “plus humain”.
Depuis des années, les foyers pour demandeurs d’asile sont saturés de manière chronique. Actuellement, plus de 97 % des quelque 8.300 lits disponibles sont occupés. Il est clair qu’il y a “un manque” de places, a indiqué mercredi Laura Zuccoli. Mais rien n’avance.
Dans ce contexte, Laura Zuccoli se demande où en est le plan pluriannuel prévu dans l’accord de coalition et que le ministère des Travaux publics devait élaborer. L’audit annoncé de l’ONA (Office national de l’Accueil) et de la gestion des foyers pour réfugiés se fait également toujours attendre.
Le Collectif réfugiés maintient que les communes doivent être davantage responsabilisées par le ministre compétent, Max Hahn. “Le pays tout entier doit faire preuve de solidarité, avec une répartition équitable des structures d’accueil sur l’ensemble du Luxembourg”. Cela permettrait aussi, comme c’est souhaité, d’ouvrir des structures plus petites. D’autres pistes sont l’utilisation de conteneurs et de terrains vacants.
Laura Zuccoli a cité l’exemple du foyer Don Bosco, qu’elle a qualifié “d’emblématique”. Il aurait déjà dû fermer ses portes en 2015 pour être rénové. Cela n’a pas eu lieu en raison de la grande vague de réfugiés syriens, puis de l’arrivée de nombreux réfugiés ukrainiens. On n’est jamais sorti de la situation d’urgence, argumente le ministère de la Famille. Mais les conditions au Don Bosco sont déplorables, selon la représentante du Collectif réfugiés. Tout comme à Mersch, où il est même impossible de fermer les portes des chambres. Ce sont “des conditions indignes”.
C’est pourquoi le Collectif réfugiés demande “que la nouvelle loi sur la salubrité s’applique également aux structures pour réfugiés”. Cela offrirait au moins un cadre légal sur lequel s’appuyer. Cette loi prévoit par exemple neuf mètres carrés d’espace de vie par personne. Aujourd’hui, six à sept personnes s’entassent dans une chambre.
Laura Zuccoli a réaffirmé mercredi qu’elle souhaite que les demandeurs d’asile puissent travailler immédiatement, même lorsqu’ils sont encore en procédure pour la reconnaissance du statut. Les demandeurs devraient être “activés” dès le départ, qu’ils puissent travailler dès leur arrivée, afin qu’ils soient déjà familiarisés et intégrés au monde du travail lorsqu’ils obtiennent le statut de réfugié et n’ont alors plus le droit de rester dans une structure pour demandeurs d’asile. Beaucoup de réfugiés ayant obtenu le statut, se retrouvent aujourd’hui à la rue. Plus de 100 personnes, principalement originaires d’Érythrée, ont écrit au gouvernement cet été pour attirer l’attention sur la problématique du logement.