Après le succès de Zèbre, l’humoriste français Paul Mirabel continue de jouer sur l’absurde et l’autodérision dans son deuxième spectacle, mêlant réflexions sur l’amour, anecdotes improbables et moments plus sincères. Preuve de son succès: samedi soir, la salle du Casino 2000 de Mondorf-Les-Bains affichait complet.

De l'aveu même des responsables du Casino 2000, trois dates auraient pu être programmées sans difficulté. Révélé il y a cinq ans par le Montreux Comedy Club, Paul Mirabel s'est produit samedi soir à Mondorf-Les-Bains pour y présenter son deuxième spectacle "Par Amour". Le moins que l'on puisse dire est qu'il continue d'attirer les foules. Les 1.300 places du "chapito" se sont arrachées en moins d'une semaine, plusieurs mois avant la représentation.

Dès son entrée sur scène, l'humoriste de 29 ans a cherché à jauger l’ambiance luxembourgeoise : "J’étais à Douy-la-Ramée avant ce soir, vous ne pouvez pas faire moins de bruit que là-bas ! ". Il s’amuse toujours de certains détails tout simples, comme ici de la profondeur de la salle : "Du fond, vous ne savez sans doute pas si c’est moi ou Angèle...".

Humoriste désormais reconnu et chroniqueur sur France Inter, Paul Mirabel est revenu avec le ton qu'on lui connait : celui d’un jeune homme fragile et drôle, s’amusant de son profil à contre-emploi du grand séducteur, exposant ses failles avec un humour absurde et une autodérision constante. Ses piques sur le Luxembourg sont restées bienveillantes: la taille du pays ("On a failli louper une sortie d’autoroute et donc failli louper le Luxembourg"), le nom de sa capitale - ("Luxembourg ville… ils ne se sont pas fait chier, on n’était pas loin de l’appeler Capitale"), ou encore sur l'excès de gentillesse des Luxembourgeois dans un supermarché ("Je n’ai jamais autant suscité de logistique pour acheter du saucisson !").

Dans une mise en scène minimaliste (quelques néons au sol et des ballons rouges en forme de coeur suspendus), l'humoriste explore un terrain familier à beaucoup d'autres humoristes, celui de l’amour et du sexe, mais qu'il aborde pour la première fois avec son ton si singulier. Paul Mirabel parvient ainsi à renouveler son personnage grâce à cette singularité et à sa capacité à exposer ses failles avec sincérité.

"Je ne suis pas ouf ouf en impro!"

Il évoque tour à tour les drôles de réactions que suscite sa notoriété, sa fragilité masculine, l'admiration qu'il porte aux femmes, la peur de la paternité et ses maladresses sentimentales. Même lorsqu'il s'aventure sur un registre un peu plus cru, l'effet de contraste avec son tempérament réservé déclenche souvent des rires immédiats.

Certains moments font mouche, comme lorsqu'il annonce être en couple, genoux à terre, doigts vers le ciel, sur un fond d'hymne de Ligue des Champions. Paul Mirabel joue un peu plus avec son corps, mais l’essentiel repose sur ses mots, son sens du timing bien travaillé en amont et quelques "callback" - comme beaucoup de ses pairs d'ailleurs - bien utiles pour créer un comique de surprise.

L'humoriste désamorce facilement la question des "impros" ("si c'est la mode dans le stand up, moi je tiens à préciser: je ne suis pas "ouf ouf"), son spectacle s’articule tout de même autour des anecdotes des spectateurs. Il leur a notamment demandé de raconter leurs demandes en mariage les plus originales et ne pouvait espérer mieux que celle racontée par ce spectateur, lequel a confié avoir offert une bague en bois à sa future femme au sommet du mont Canigou, dans les Pyrénées. Une femme a raconté la sienne: son mari, entièrement nu, à genoux au milieu de pétales de rose jusqu'à la salle de bain. Évidemment, ça fonctionne.

Au bout d'1h20 de spectacle, précédé d'une chouette première partie signée Mahé, le public est sorti du Casino 2000 amusé, touché et séduit par un univers que Paul Mirabel parvient à garder unique.