
Le télétravail généralisé depuis le début de la crise sanitaire plombe l'activité de la restauration, notamment dans des quartiers d'affaires aux sièges d'entreprises désertés, car déjeuners professionnels et entre collègues se font rares.
La reprise de la restauration reste difficile dans toutes les villes, notamment dans les quartiers d'affaires, comme au Kirchberg, où peu de travailleurs sont retournés derrière leur ordinateur de bureau.
C'est aussi le constat qui est dressé en France: "Aujourd'hui la plupart des entreprises, des administrations, n'ont pas repris le travail en 'présentiel', il n'y a plus de conventions, de séminaires, et beaucoup de réunions se font via Zoom, Skype... c'est autant de repas en moins pour les restaurateurs et de nuitées en moins pour les hôteliers", constate Frank Delvau, coprésident pour Paris et l'Ile-de-France de l'Umih, principal syndicat de l'hôtellerie restauration.
Car en semaine, la clientèle d'affaires et celle des travailleurs en pause déjeuner génère 80% de l'activité des restaurateurs... Ainsi les terrasses de la capitale n'ont-elles "pas fait le plein le midi", pas plus que les restaurants en province qui ont rouvert à la même date, et où "l'activité est beaucoup plus faible au moment du déjeuner", dit M. Delvau.
Les restaurateurs espèrent que le retour obligatoire des enfants à l'école et en crèche, va permettre à nombre de salariés au télétravail depuis trois mois de retrouver leur entreprise et de refaire des repas "entre collègues".
Restauration d'entreprise "sinistrée"
"Les salons et les congrès représentent 5 milliards d'euros par an pour la région Ile-de-France en retombées économiques directes et indirectes, soit l'équivalent des Jeux olympiques", souligne-t-il.
Une clientèle d'affaires qui manque toujours cruellement aux hôteliers et aux restaurateurs. "Si on veut que le secteur touristique redémarre, il faut pouvoir faire revenir des salons en France de manière très urgente", estime M. Nakhlé Cerruti.
Autre victime du télétravail: la restauration d'entreprise, "sinistrée" par l'épidémie de Covid-19 qui a été un vrai "choc systémique", a déclaré devant la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale Anna Notarianni, présidente pour la France du géant Sodexo.
"Le télétravail s'est imposé, non pas comme une règle absolue mais on sent bien qu'il va rester quelque chose d'important en France (...) et nous sommes très prudents parce que nous n'avons pas de visibilité sur la vitesse de la reprise" de cette activité, a-t-elle poursuivi.
Sanctionné en Bourse pour cette absence de visibilité qui a fait fondre le cours de son action, entraînant sa sortie du CAC 40, Sodexo s'adapte de façon accélérée à la demande d'entreprises qui veulent donner à leurs salariés des "cartes restaurant" permettant de déjeuner sur son lieu de travail mais aussi de régler des repas pris en télétravail.
Car si "40% de nos restaurants d'entreprise ont rouvert, leur taux de fréquentation est vraiment marginal. C'est un enjeu colossal de convaincre les clients qu'on peut revenir travailler dans les lieux physiques", a affirmé Mme Notarianni.