Chaque année, depuis 1985, le troisième jeudi de novembre voit le vin primeur du Beaujolais arriver sur les tables et les rayons. Une opération de marketing qui a connu des hauts et des bas.

Entre 1951 (date de la naissance de l'appellation "beaujolais nouveau") et 1967, la date de sortie du vin primeur a beaucoup fluctué. Puis de 1967 à 1985, elle était fixée au 15 novembre. Mais ce calendrier fixe ne convenait pas toujours aux producteurs, notamment parce que la "fête" tombait parfois sur un week-end.

Cela fait plus de 30 ans aujourd'hui qu'on célèbre le "beaujolpif" le troisième jeudi de novembre. Donc aujourd'hui.

UN PEU D'HISTOIRE

Tout commence en 1951, lorsque les régions productrices de vin à consommation précoce sont autorisées à commercialiser immédiatement leurs produits sur le marché. Le vin primeur des AOC Beaujolais et Beaujolais Village va profiter de cet arrêté pour être distribué et bu en quelques semaines après la fin des vendanges.

Dans les années 1980, les producteurs prennent conscience du filon commercial: d'une boisson modeste, peu chargée en alcool, ils ont cherché à faire un produit plus tendance, avec pour objectif de faire ressortir les arômes de fruits rouges.

Ils ont alors recours aux levures artificielles pour accentuer les goût de banane ou de violette, la macération préfermentaire (pour colorer et aromatiser le vin) et la chaptalisation (procédé qui consiste à ajouter du sucre pour faire monter le taux d'alcool) deviennent presque systématiques chez les viticulteurs.

Pendant des années, l'arrivée du beaujolais nouveau était synonyme de grande fête, y compris aux États-Unis et en Asie, le "beaujolais nouveau" est devenu en l'espace d'une trentaine d'années un véritable produit marketing. Annuellement, 54 millions de bouteilles sont exportées dans le monde, dans plus de 110 pays.

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Les amateurs de vin n'en relevant que très rarement la qualité et la profondeur du goût, la fête, ne prenait plus. Depuis le tournant du millénaire, le Beaujolais était plongé dans une profonde remise en question.

Désormais, on ne parle plus d'un vin au goût de banane ou de fruits rouges, le mot d'ordre est le retour au terroir autour du gamay, et la montée en gamme.

"La jeune clientèle qui n'a pas vécu le Beaujolais nouveau des années 80 consomme sans a priori, est très ouverte", analyse Grégory Large, directeur général du négociant Mommessin et membre de la commission communication d'Inter-Beaujolais.

Pour séduire, des vignerons se lancent dans des offres plus ciblées, comme le "sans sulfite" ou le rosé primeur, plus recherché par les jeunes que le rouge.

Résultat, quand les ventes de vin en France se replient de 2% depuis janvier, les Beaujolais eux enregistrent une hausse de 11%, avance Grégory Large.

ET CETTE ANNÉE?

Le cru de cette année comprend des "arômes de fruits noirs charnus, de fleurs (pivoine, lilas), quelques notes d'épices et de réglisse s'exhalent", d'après Arnaud Chambost, sommelier et Meilleur ouvrier de France en 2000. Le plus souvent accompagné d'une bonne assiette de charcuterie, le Beaujolais nouveau se déguste entre amis ou avec sa famille.

De nombreux bars et restaurants organisent des soirées spéciales avec des menus appropriés. On peut par exemple aller au Beaulieu à Bonnevoie (avec une assiette de charcuterie), à l'Adresse à Luxembourg-centre (plusieurs beaujolais proposés), au MontChalet à Dudelange (un verre offert à ceux qui portent un béret), au Op der Bréck à Kopstal, au Ikki à Clausen (avec buffet de charcuterie et fromage), au Rock Café à Remich...

On prend le contre pied au Craft Corner à Bonnevoie avec du "beaujolais pas si nouveau": le millésime 2018, non pas en primeur, mais en vin maturé de qualité.

Bien évidemment, côté français on n'est pas en reste: on peut aller goûter le beaujolais nouveau au Shamrock à Thionville, à la Pierre de vin à Longwy, à la Cave à manger à Metz, à la Cave du Val d'or à Terville...

Au-delà de quelques semaines, le vin primeur disparaît des rayons. Et pour cause: le Beaujolais nouveau n’est pas un vin de garde. Il se conserve maximum 6 mois. Pas besoin donc de chercher une place au frais dans votre cave pour ces bouteilles: mieux vaut les boire rapidement!