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Ancienne chercheuse en droit fiscal, Paloma Schwarz a fondé Little Sanctuary pour soutenir les mères au Luxembourg.
"S’entourer d’une communauté est essentiel : c’est ce qui permet de rester ancré et de se sentir soutenu face aux hauts et aux bas de la vie d’expatrié", confie le Dr Paloma Schwarz, mère, entrepreneuse et fondatrice de Little Sanctuary.
Installée à Niederanven avec son mari et leurs deux filles de trois et six ans, Paloma est née à Cologne, en Allemagne, et est d'origine espagnole. En 2024, elle a créé Little Sanctuary, une entreprise dédiée au bien-être holistique des mères, inspirée à la fois par sa propre expérience et par les besoins qu’elle a observés au sein de la communauté des expatriés.
Qu'est ce qui vous a amenée au Luxembourg et depuis combien de temps vivez-vous ici?
Je suis arrivée au Luxembourg il y a 18 ans… par amour ! J’ai rencontré mon mari à la faculté de droit de Bonn – un vrai coup de foudre – et lorsqu’il a reçu une offre d’emploi dans un cabinet d’avocats ici, j’ai demandé mon transfert à l’université de Trèves pour terminer mes études de droit et que nous puissions rester ensemble.
Notre temps au Luxembourg n’a pourtant pas duré longtemps. Le diplôme de droit allemand de mon mari n’ayant pas été reconnu par le ministère de l’Éducation, il a dû retourner à Trèves pour terminer son stage juridique. Nous avons tout de même gardé un lien avec le pays en travaillant à temps partiel pour des entreprises luxembourgeoises, et au fond, nous savions déjà que nous voulions y revenir.
Sept ans plus tard, nous avons franchi le pas pour de bon. Nous avons été séduits par l’atmosphère internationale du Luxembourg, sa qualité de vie et sa praticité au quotidien.
Comment avez-vous vécu votre intégration en tant qu'expatriée au Luxembourg ?
Il y a une grande différence entre faire la navette vers le Luxembourg et y vivre réellement. Pendant les années où nous travaillions pour des entreprises basées ici mais vivions de l’autre côté de la frontière, je me sentais toujours un peu en décalage avec la culture locale. Tout a changé lorsque nous avons déménagé et commencé à construire notre vie au cœur de la communauté.
Je n’ai jamais eu de difficultés linguistiques, car je parle les trois langues officielles, mais j’ai vu à quel point cela peut être compliqué pour d’autres familles, surtout lorsqu’il s’agit d’élever ses enfants dans un environnement linguistique complètement nouveau. Ce sentiment d’isolement touche particulièrement les mères, et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai créé Little Sanctuary.
Il est vrai qu’il peut être difficile de tisser des liens plus profonds avec les Luxembourgeois, car beaucoup ont des racines solides ici et un cercle d’amis et de famille établi de longue date. Mais devenir mère a tout changé pour moi. Avoir des enfants vous connecte d’une autre manière au pays. Nous perpétuons nos traditions culturelles – espagnoles, françaises et allemandes – mais nous aimons aussi participer aux coutumes luxembourgeoises, comme le Liichtmëssdag.
Ce que j’apprécie aussi énormément, c’est que le Luxembourg m’a permis de me réinventer. Après avoir travaillé comme chercheuse postdoctorale en droit fiscal, j’ai pu changer complètement de voie et créer un projet qui me correspond vraiment.
Pensez-vous que le Luxembourg est un endroit attrayant pour les familles ?
Absolument. Le Luxembourg est un excellent choix pour les familles, surtout lorsque les deux parents travaillent. Le système de garde est fiable et offre une vraie tranquillité d’esprit. Comparé à l’Allemagne, où il est extrêmement difficile pour deux parents d’occuper un emploi à temps plein, le Luxembourg permet d’atteindre plus facilement un équilibre entre vie professionnelle et familiale.
Le système éducatif est aussi un atout majeur. Il offre une diversité rare : écoles publiques locales, écoles publiques internationales gratuites, mais aussi un large choix d’écoles privées. Pour une famille multiculturelle comme la nôtre, cette flexibilité est précieuse.
Le pays est également très riche sur le plan culturel. Il y a toujours quelque chose à faire avec les enfants : événements aux Rotondes ou à la Philharmonie, aires de jeux bien pensées, activités extrascolaires proposées dans plusieurs langues...
Il existe cependant quelques points plus difficiles. Aller au restaurant en famille, par exemple, peut s’avérer étonnamment compliqué. Beaucoup d’établissements sont tournés vers une clientèle d’affaires, et les enfants n’y sont pas toujours bien accueillis. Les options véritablement "family friendly" restent limitées. Et pour les familles expatriées sans proches à proximité, les débuts de la parentalité peuvent être marqués par un fort sentiment d’isolement.
Comment s'est passée votre recherche de logement ?
Nous avons eu beaucoup de chance avec le logement, ce que je ne considère pas comme acquis vu les difficultés du marché. Notre première maison était au Limpertsberg. À l’époque, je rédigeais ma thèse lorsqu’un collègue nous a proposé une location très abordable. C’était une opportunité rare, presque inespérée, qui nous a convaincus de revenir au Luxembourg sans hésiter.
Puis, pendant la pandémie, nous avons de nouveau eu cette chance avec notre maison actuelle à Niederanven. Je l’ai trouvée par hasard sur Facebook Marketplace, alors que nous étions bloqués à l’étranger à cause de la COVID. Nous l’avons achetée sans même l’avoir vue en personne – un véritable acte de foi ! Mais parfois, il faut écouter son instinct. Et cette fois encore, nous avons bien fait de lui faire confiance.
Qu'appréciez-vous au Luxembourg et quelles ont été les difficultés rencontrées ?
J’aime énormément l’atmosphère internationale du Luxembourg. Ici, il est tout à fait naturel de passer d’une langue à l’autre au fil de la journée. Ce multilinguisme reflète une ouverture d’esprit et une flexibilité que j’apprécie profondément.
L’administration est étonnamment efficace : des démarches qui pourraient prendre des semaines ailleurs sont souvent réglées rapidement. Comme famille, nous nous sommes toujours sentis soutenus, que ce soit par le système de garde d’enfants, la diversité des options éducatives ou la richesse culturelle.
Le pays est aussi incroyablement bien connecté : vivre au cœur de l’Europe facilite les déplacements, tout en offrant un cadre sûr et paisible pour élever des enfants. Les infrastructures sont excellentes, les transports publics gratuits sont incroyables, et les installations sportives sont de grande qualité.
En tant qu’entrepreneuse, je trouve l’environnement propice à l’innovation : on a vraiment le sentiment qu’il est possible de lancer quelque chose de nouveau. Le revers de la médaille, c’est l’éloignement de ma famille et de mes amis de longue date. Nouer des liens profonds ici demande du temps. Comme beaucoup de familles expatriées, nous avons ressenti ce sentiment d’isolement, particulièrement dans les premières années de parentalité sans proches à proximité.
À titre professionnel, j’ai aussi remarqué que l’attention et les soutiens se concentrent davantage sur les grandes entreprises ou sur certains secteurs clés. Pour une petite structure centrée sur le soin et le bien-être de la communauté, comme la mienne, l’accès au financement ou à la visibilité est parfois plus restreint.
Enfin, il peut être difficile de trouver des personnes partageant des valeurs autour d’un mode de vie plus durable, plus lent, ou plus axé sur la conscience écologique. Le Luxembourg reste naturellement tourné vers les affaires, ce qui rend parfois plus compliqué le fait de se connecter à des communautés prônant un rythme différent.
Avez-vous des conseils à donner aux nouveaux arrivants ?
Pour les familles qui s’installent au Luxembourg, mon premier conseil est de choisir avec soin la commune où elles vont vivre. Les différences peuvent être importantes d’une commune à l’autre, que ce soit au niveau des écoles, des activités extrascolaires ou des infrastructures familiales. Certaines communes sont plus internationales et orientées vers les familles, tandis que d’autres sont davantage résidentielles ou centrées sur la vie professionnelle.
Je recommande aussi d’apprendre au moins quelques bases de luxembourgeois. Même quelques mots suffisent pour entrer en contact avec la culture locale et montrer son respect pour le pays. Et pour les enfants scolarisés dans des écoles internationales, un peu de luxembourgeois peut faire une vraie différence : cela les aide à se sentir plus intégrés.
Mais plus que tout, je crois que la clé d’une expatriation réussie réside dans la création d’un réseau social et d’un système de soutien solides. Vivre loin de sa famille et de ses amis peut être difficile, surtout quand on élève des enfants. C’est pourquoi il est essentiel de construire un sentiment de communauté autour de soi : c’est ce qui permet de garder l’équilibre et de traverser plus sereinement les hauts et les bas de la vie d’expatrié.
Cette conviction est aussi au cœur de Little Sanctuary : offrir aux mères un espace pour créer des liens, prendre soin d’elles-mêmes et développer un véritable sentiment d’appartenance, quelle que soit leur origine. Je suis d’ailleurs ravie de voir que de plus en plus d’initiatives communautaires voient le jour au Luxembourg. Par exemple, je participerai en septembre au Treeboo Festival, un bel événement qui rassemble familles, entreprises locales et projets communautaires dans une atmosphère accueillante
Palome a un site internet où l'on peut trouver plus d'informations: www.little-sanctuary.com ainsi qu'un compte instagram little.sanctuary.bypaloma.