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Le divorce est une étape clé qui implique des choix juridiques et personnels aux conséquences durables.
Le divorce est une étape marquante qui bouleverse une vie et met fin à un chapitre important d’un couple. Chaque décision prise dans ce contexte aura des répercussions à long terme. Il est donc crucial de bénéficier de conseils juridiques adaptés à votre situation.
Karine Bicard, avocate spécialisée en droit du divorce au Luxembourg, précise que pour engager une procédure dans le pays, il faut soit y résider habituellement, soit que l’un des époux ait vécu à l’étranger pendant moins d’un an ou soit de nationalité luxembourgeoise.
Elle met en avant quatre éléments essentiels à considérer lors d’une demande de divorce : le lieu de résidence des enfants, l’existence ou non d’un contrat de mariage, la situation personnelle des époux – notamment pour les résidents non européens – et la durée du mariage. Décryptage de ces points clés ci-dessous.
Lieu de résidence des enfants
Ce point est essentiel, car il influe directement sur la garde des enfants, la pension alimentaire et les droits parentaux. Au Luxembourg, la loi privilégie toujours l'intérêt supérieur de l'enfant pour statuer sur la garde. La résidence principale de l’enfant détermine si l’un des parents obtient la garde exclusive ou si une garde conjointe est mise en place. En cas d’éloignement géographique entre les parents, le tribunal peut organiser un droit de visite et d’hébergement afin de préserver le lien de l’enfant avec chacun de ses parents.
Lorsqu’il s’agit de fixer la garde, plusieurs critères sont pris en compte : les conditions de vie antérieures des parents, leurs souhaits respectifs, l’âge de l’enfant et sa capacité à exprimer ses préférences. Le tribunal évalue également la distance entre les domiciles, la capacité financière des parents à subvenir aux besoins de l’enfant ainsi que leur aptitude générale à assurer son bien-être.
Concernant la pension alimentaire, elle n’est pas requise en cas de résidence alternée (par exemple, une semaine chez chaque parent). En revanche, si l’un des parents bénéficie d’un droit de visite et d’hébergement, il devra verser une pension alimentaire. Celle-ci est calculée en fonction des revenus des deux parents et des besoins spécifiques de l’enfant, notamment son âge et d’éventuels besoins particuliers liés à un handicap.
Par ailleurs, les frais exceptionnels – soins médicaux, voyages scolaires, activités extrascolaires – doivent être pris en charge conjointement, à condition que les justificatifs soient fournis.
Enfin, il est important de noter que le parent ayant la résidence principale peut bénéficier des allocations familiales ainsi que d’avantages fiscaux liés aux dépenses d’éducation.
L'existence ou non d'un contrat de mariage
Au Luxembourg, la présence ou l'absence d’un contrat de mariage joue un rôle clé lors d’un divorce, car elle détermine la répartition des biens, des dettes et des obligations financières entre les époux.
Sans contrat de mariage, le couple est automatiquement soumis au régime légal de la communauté des biens acquis. Cela signifie que tous les biens obtenus pendant le mariage – qu’il s’agisse de biens mobiliers (voitures, meubles, économies) ou immobiliers (maisons, terrains) – sont considérés comme communs et sont partagés à parts égales en cas de séparation. De même, les dettes contractées durant le mariage sont réparties entre les époux. En revanche, les biens et héritages acquis avant le mariage restent la propriété exclusive de leur détenteur initial.
Si un contrat de mariage a été établi, la répartition dépend du régime choisi : séparation de biens (c'est-à-dire que chaque époux conserve la propriété des biens qu’il a acquis avant et pendant le mariage et reste seul responsable de ses dette) ou communauté universelle (tous les biens et toutes les dettes, qu’ils aient été acquis avant ou pendant le mariage, appartiennent aux deux époux et sont partagés à parts égales).
Le régime de la communauté universelle peut rendre le divorce plus complexe, car il implique un partage strict de l’ensemble du patrimoine et des dettes du couple.
La situation personnelle que chaque époux
Ces éléments jouent un rôle clé dans une procédure de divorce, influençant le partage des biens, la pension alimentaire, la garde des enfants et les obligations financières.
Par exemple, si l’un des conjoints a mis sa carrière entre parenthèses pour élever les enfants, il peut prétendre à une pension alimentaire temporaire ou permanente. De même, si l’un des époux souffre de problèmes de santé, cela peut avoir un impact sur les obligations financières de l’autre.
Enfin, pour un conjoint non européen dont le titre de séjour repose sur le regroupement familial, le divorce peut entraîner des conséquences sur son droit de résidence au Luxembourg.
La durée du mariage
La durée du mariage est un facteur déterminant, car elle reflète la solidité des liens financiers et juridiques entre les époux. Un mariage de courte durée, d’un an par exemple, entraîne généralement peu d’obligations financières et peut être dissous rapidement. En revanche, une union de plusieurs décennies impliquant des biens communs et des engagements partagés nécessite des procédures juridiques plus complexes.
Ai-je besoin d'un avocat ?
Mme Bicard explique que dans le cadre d’un divorce par consentement mutuel, un avocat est nécessaire pour rédiger la convention, mais il est possible de se présenter seul à l’audience devant le juge aux affaires familiales. En revanche, pour un divorce pour rupture irrémédiable du mariage, la présence d’un avocat est obligatoire. Sans représentation juridique, le conjoint concerné ne pourra pas s’exprimer durant l’audience.
Concernant le choix d’un avocat spécialisé en droit de la famille, elle recommande d’opter pour un professionnel expérimenté en matière de divorce. Elle suggère de consulter les avis en ligne, de privilégier un avocat proche de son domicile et de s’assurer qu’il maîtrise les langues nécessaires pour une communication fluide.
Coût d'un divorce
Les frais d’un divorce varient en fonction de sa nature et de sa complexité, explique Mme Bicard. Un divorce par consentement mutuel coûte généralement autour de 3 000 €. En revanche, une procédure pour rupture irrémédiable du mariage peut coûter entre 6 000 € et plus de 10 000 €, notamment si elle s’étire dans le temps ou devient conflictuelle. Les honoraires peuvent aussi être plus élevés si l’avocat pratique un tarif horaire plutôt qu’un forfait fixe.
Selon Mme Bicard, les désaccords sur la garde des enfants, la résidence principale ou le partage des biens sont parmi les principales causes de divorces longs et coûteux. Elle rappelle toutefois qu’il existe des alternatives, comme la séparation de corps ou la médiation familiale, qui permettent d’apaiser les conflits et d’éviter une procédure judiciaire prolongée.